article de Didier Jamet
15 MAI 2002
À quoi reconnaît-on une galaxie amoureuse ? C’est très simple, elle rougit ! C’est en tout cas ce que semblent indiquer les dernières images du satellite Chandra, dédié à l’observation des rayons X. Paparazzi sans vergogne, il vient de surprendre les ébats de deux tourtereaux galactiques, dans la constellation du petit Lion. Et c’est chaud…
Arp 270, un jeune couple de galaxies situé à 90 millions d’années-lumière, a une particularité qui intéresse beaucoup les astronomes : c’est un très bel exemple de fusion galactique surprise à un stade précoce. Pour filer la métaphore amoureuse, on pourrait dire qu’ils en sont au premier baiser.
Indiscernables en lumière visible, les conséquences de ce flirt poussé deviennent tout à fait spectaculaires en rayonnement X (l’équivalent des caméras infrarouge du Loft…): Les minuscules points de contact entre les galaxies s’allument d’un bleu vif. C’est la conséquence des flambées d’étoiles créées par la collision des nuages de gaz interstellaire des deux galaxies.
Dans ce baby-boom stellaire, du fait de l’abondance brutale de gaz interstellaire, beaucoup de supergéantes massives sont engendrées. Ces jeunes obèses brûlent littéralement la vie par les deux bouts, avant de terminer leur courte vie (1 à 5 millions d’années, contre 10 milliards pour notre petit Soleil) en supernova.
L’énergie fantastique libérée par ces supernovae en série porte à son tour le gaz interstellaire environnant à des températures supérieures au million de degrés, le faisant briller d’un beau rouge vif. Après tout, quoi de plus normal ? N’aviez-vous pas les joues un peu colorées lors de votre premier baiser ?…