En un instant, au tout début de la brève phase de totalité de l'éclipse du 3 novembre dernier, le spectre visible du Soleil est passé de l'absorption à l'émission. Cet instant fugace a été saisi ici à la fois par un téléobjectif et un réseau de diffraction depuis le Gabon, en Afrique équatoriale. Avec la lumière aveuglante du Soleil bloquée par la silhouette lunaire, le spectre solaire d'absorption de la photosphère, normalement prépondérant, est lui aussi bloqué. Ce qui reste, étalé par le réseau de diffraction sur la droite du Soleil éclipsé, sont les images individuelles de l'éclipse à chaque longueur d'onde émise par les atomes de la chromosphère. Les images les plus brillantes, qui correspondent aux lignes d'émission chromosphérique les plus fortes, sont dues à l'hydrogène qui produit l'émission en H-alpha (à droite) et l'émission beta bleue (à gauche). Entre les deux, l'émission jaune est due à l'hélium, un élément initialement découvert dans le spectre du Soleil.