question posée le 11-07-2011 par Terence Conte
Jusqu'à maintenant l'une des principales missions du Large Hadron Collider est de découvrir cette, et pour l'instant supposée, dernière particule fondamentale afin que le modèle standard puisse être validé.
Cela dit, si cette découverte est faite, quelles seront concrètement les implications et applications directes dans l'évolution de la physique classique ou quantique? A quoi finalement ce modèle standard une fois établi servira t-il?
Merci.
réponse du 18-07-2011 par Didier Jamet
La valeur scientifique d’une théorie tient à la fois à la pertinence de la description du réel qu’elle propose et aux prédictions dont elle est capable. Le modèle standard de la physique des particules décrit assez bien les choses, mais il a besoin du boson de Higgs afin d’expliquer pourquoi certaines particules parmi les plus élémentaires, comme les électrons, semblent avoir une masse, alors que cette même théorie prévoit qu’elles n’en ont pas (c’est ennuyeux pour une théorie qui prétend décrire le réel de voir que les faits ne vont pas dans le même sens…) Pour sauver le modèle, des scientifiques, dont Higgs mais pas seulement, ont imaginé dans les années 1960 que la masse ne serait finalement que le fruit de l’interaction des particules avec des bosons, et tout rentrerait dans l'ordre.
Si jamais on ne découvre pas ce fameux boson, cela voudra dire que le modèle standard est faux, ou à tout le moins très incomplet, que l'hypothèse de Higgs n'est pas la bonne, et qu’il faut trouver une autre théorie pour décrire plus précisément le réel. Ça me paraît être un motif nécessaire et suffisant pour justifier ces recherches.
Pour le dire autrement, dans le vaste et obscur labyrinthe d’ignorance où nous sommes plongés, chasser le boson de Higgs a pour but de voir si nous sommes sur la bonne voie pour comprendre l’infiniment petit, ou si le modèle standard est dans une impasse théorique et qu’il faut rebrousser chemin afin de prendre une autre direction.
C’est ainsi que la science avance, à tâtons, tenant pour vraies des théories dont elle finit par s’apercevoir qu’elles ne fonctionnent que dans un cadre restreint. Elle se raccroche alors à d’autres théories, plus complètes et corrigeant les défauts des précédentes, jusqu’à ce que celles-ci se cognent à leur tour aux murs d’une réalité plus grande encore. Les bons scientifiques sont ceux qui n’hésitent pas à prendre le risque de se cogner contre les murs. On les croit distraits, ils sont juste persévérants. Et parfois, à force, ils finissent par trouver le bon chemin.
Sinon, un article intéressant sur les récentes rumeurs de détection de ces fameux bosons, où l'on constate que les scientifiques sont des êtres humains finalement assez semblables aux autres, ne reculant parfois devant aucun subterfuge pour tirer la couverture, et les financements, à eux...