Et si nous n'étions plus seuls dans l'Univers ?

article de Didier Jamet
8 AOUT 2024

Simon Holland at home
Simon Holland at home

Didier Jamet, Ciel des Hommes

À la veille des Nuits des Étoiles 2024, nous avons choisi de vous fournir de quoi animer vos soirées d'observation en débattant d'une des questions les plus fondamentales de l'humanité, celle de savoir si nous sommes seuls dans l'Univers, et si nous aurions déjà obtenu la preuve du contraire.

English version available here

En janvier 2011, Frank Drake, un des pères du programme de recherche de vie intelligente SETI, déclarait à nos confrères de Ciel et Espace la chose suivante à propos de signaux radio brièvement captés : "je soupçonne qu'une petite fraction d'entre eux était d'origine extraterrestre".

À l'époque, la déclaration, pourtant tout à fait spectaculaire, passa assez inaperçue, puis fut rapidement mise sur le compte d'un besoin de financement du programme ayant poussé même le plus respectable des scientifiques à des déclarations tonitruantes.

Aujourd'hui, 13 ans plus tard, et alors que Frank Drake a rejoint les étoiles en 2022, un personnage haut en couleur, Simon Holland, relaie depuis quelques mois sur sa chaîne Youtube des affirmations tout à fait extraordinaires rappelant les propos de Frank Drake, et susceptibles de constituer la découverte du millénaire : le programme de recherche de vie intelligente SETI aurait bel et bien enregistré des émissions radio non intentionnelles en provenance de systèmes stellaires situés à quelques dizaines d'années-lumière tout au plus.

Les signaux se seraient trouvés dans les données brutes de SETI, mais seraient passés inaperçus jusqu'à ce qu'une équipe de mathématiciens italiens, inspirés par les travaux du professeur Claudio Maccone, leur applique une nouvelle méthode d'analyse, la transformation de Karhunen-Loeve, encore appelée analyse en composantes principales, beaucoup plus performante que la transformation de Fourier utilisée jusqu'alors par le programme SETI, et capable de détecter des signaux noyés dans le bruit jusqu'à des valeurs incroyablement faibles du rapport signal/bruit.

L'annonce aurait été faite aux Nations-Unies, comme le prévoit le protocole post détection SETI, mais celles-ci auraient demandé aux scientifiques impliqués de compléter leurs observations avant de faire une annonce aussi retentissante et possiblement lourde de conséquences sur certaines croyances, ce qui expliquerait l'actuelle abondance de financements pour des programmes de radio astronomie, ainsi que les très impressionnants efforts des scientifiques Chinois en ce sens.

Bien sûr, tout cela ressemble fort à un scénario de science-fiction, et on pense beaucoup à l'excellent Contact de Robert Zemeckis, avec l'éblouissante interprétation de Jodie Foster.

Certes, nous devons reconnaître que lors de l'entretien que notre rédacteur en chef, Didier Jamet, a eu avec Simon Holland, ce dernier, bien qu'extrêmement accueillant, chaleureux et nous ayant paru d'une parfaite bonne foi, n'a fourni aucun preuve concrète de ce qu'il avance, ni le nom de sa fameuse source digne de confiance. Dans ces conditions, impossible pour nous de confirmer la véracité des propos tenus.

Quelques éléments biographiques sur Simon Holland : Écossais vivant aujourd'hui en France après avoir vécu au Royaume-Uni et aux États-Unis, il a passé l'essentiel de sa carrière dans le milieu de la télévision et du documentaire scientifique. Après des études supérieures en cinéma, il a été directement embauché par la BBC où il a travaillé au service des documentaires scientifiques, au début comme monteur. Il a notamment travaillé pour différents programmes tels que BBC Horizon, puis quitté la BBC et travaillé pour PBS pour une série appelée Nova, mais aussi National Geographic, Discovery Channel, etc, des références en matière de vulgarisation scientifique de qualité. Il est par la suite devenu réalisateur et enfin producteur. Sa principale activité consistait à transformer des idées scientifiques complexes de chercheurs pas forcément doués pour la vulgarisation en programmes de télévision compréhensibles pour le plus grand nombre, et c'est ce qu'il continue de faire aujourd'hui sur sa chaîne Youtube.

Pour toutes ces raisons, après avoir pesé le pour et le contre, et même si nous n'avons pu vérifier aucune des affirmations qui y sont faites, nous avons pris la décision de diffuser malgré tout cette interview.

Elle a été réalisée par Didier Jamet, rédacteur en chef de Ciel des Hommes, le jeudi 1er août 2024 chez Simon Holland, dans le sud-ouest de la France. Bien que manquant des preuves que l'on serait en droit d'attendre concernant de si extraordinaires affirmations, elle nous paraît constituer un document digne d'intérêt, et possiblement historique, dans la déjà longue histoire de recherche de vie intelligente dans l'Univers. La voici :

Simon Holland at home
Simon Holland at home

Crédit : Didier Jamet, Ciel des Hommes

Didier Jamet : Simon Holland Bonjour, merci de nous recevoir et d'avoir accepté de nous en dire un peu plus sur les affirmations extraordinaires dont vous vous faites le relais sur votre chaîne Youtube depuis quelques mois. Comment avez-vous obtenu ces informations ? Vous n'êtes pas radio astronome je crois ?

Simon Holland : C'est une découverte fantastique qui si elle se confirme a le potentiel de marquer l'histoire de l'Humanité. J'ai de bons indices de la réalité de ce que j'affirme, mes sources sont extrêmement fiables. Je ne suis en effet pas radio astronome moi-même, mais depuis de nombreuses années, je suis en contact avec des radio astronomes de Cambridge, Hawaii, et aussi ailleurs en Europe. Dans cette communauté, c'est en fait un secret de Polichinelle que depuis le début du 21e siècle, plusieurs signaux en provenance d'une intelligence non-humaine, ce que les radio astronomes appellent une techno signature, ont été découverts. Et le récit de cette découverte est fascinant.

Le programme SETI a lancé à la fin des années 1990 un programme de science participative appelé SETI@home, grâce auquel tout un chacun pouvait télécharger des données que son ordinateur allait traiter pendant les temps d'inutilisation de la capacité de calcul de son ordinateur personnel, à la recherche de signaux radio avec des caractéristiques bien particulières qui auraient signé leur nature intelligente.

Comme le programme a été un immense succès, ils ont envoyé des données concernant le même endroit du ciel de façon répétée à plusieurs personnes, car il y avait des millions de participants au programme. Selon l'organisation SETI à Berkeley, à l'issue du programme en mars 2020, ils n'ont obtenu aucun signal conclusif.

Mais SETI est une organisation dont les données sont en open source ! Les données brutes ont notamment été téléchargées par une équipe de mathématiciens en Italie. Ils ont appliqué aux données une nouvelle méthode d'analyse statistique appelée KLT (Transformation de Karhunen-Loève), encore appelée analyse en composantes principales. La KLT est un algorithme mathématique supérieur à la classique transformation rapide de Fourier à bien des égards : La KLT peut filtrer les signaux à partir du bruit de fond sur des bandes larges et étroites. Cela contraste fortement avec la transformation de Fourier qui ne s'applique rigoureusement qu'aux signaux à bande étroite.

Surtout, la KLT a la capacité de détecter des signaux noyés dans le bruit jusqu'à des valeurs incroyablement faibles du rapport signal/bruit, de l'ordre de 10-3.

Ces nouvelles analyses sur les données auraient permis de détecter entre 5 et 18 sources radio particulièrement intéressantes qui avaient été complètement loupées par l'analyse en transformation de Fourier. Cela est bien connu dans les cercles de radio astronomes en Europe.

J'ai entendu parler de ces sources manifestant une possible techno signature par un homme qui est l'administrateur d'une organisation européenne de radio astronomie. Je ne dirai pas son nom, car il souhaite rester dans l'ombre pour le moment. Ces informations sont en effet très sensibles, mais ces signaux ont été pris très au sérieux au niveau du réseau européen.

Un des signaux les plus intéressants vient du système de Proxima Centauri, le plus proche de nous. Nous savons déjà que ce système contient plusieurs planètes, deux certaines, peut-être trois, que nous avons détectées grâce à la technique des vitesses radiales. Au moins l'une d'elles se trouve dans la zone habitable de son étoile, Proxima Centauri b, c'est-à-dire à une distance compatible avec la présence d'eau liquide à sa surface. Et ces deux planètes seraient des sources d'émissions radio non naturelles. Je dis non naturelles car on a par exemple imaginé que ces émissions pourraient être dues à des roches piézo-électriques frottant l'une contre l'autre. Mais ma source me confirme qu'ils ont suffisamment de détails dans le signal d'au moins une des exoplanètes de Proxima Centauri qui indiquent que le signal est continu, comme une gigantesque onde porteuse. En l'analysant avec plus de détails grâce aux tout derniers radio télescopes et en combinant les données par interférométrie, ma source affirme qu'ils ont détecté une modulation dans le signal : c'est le signe qu'il y a des données transférées grâce à cette porteuse, en faisant varier l'amplitude et la fréquence.

Didier Jamet : Avons-nous une idée du type d'informations ainsi transmis ?

Simon Holland : Non, nous ne sommes pour le moment pas en mesure de déchiffrer ces informations. Tout ce que nous pouvons dire, c'est qu'ils utilisent une partie du spectre électromagnétique à des fins de communication, comme nous le faisons sur Terre. Donc c'est un peu comme si nous écoutions aux portes, mais que nous ne percevions qu'un faible murmure incompréhensible : nous savons qu'il y a un message, mais nous ne pouvons pas le comprendre à ce stade. Il nous manque beaucoup trop d'informations.

Didier Jamet : C'est potentiellement une découverte si considérable que je m'étonne que vous soyez le seul à affirmer ces choses aussi clairement. Comment avez-vous été destinataire de ces informations, et pourquoi n'est-ce pas revendiqué par les scientifiques eux-mêmes ?

Simon Holland in his home Youtube Studio
Simon Holland in his home Youtube Studio

Crédit : Didier Jamet, Ciel des Hommes

Simon Holland : Je ne suis pas le seul à savoir cela, de très loin ! Je suis simplement le seul à n'avoir pas de crainte pour ma carrière ou ma réputation, ce qui me permet de révéler ouvertement cette information avant qu'elle soit officialisée par les Nations-Unies. J'ai été contacté par quelqu'un très au fait de ces questions, qui sait que j'ai une importante communauté de followers sur Youtube, que j'ai une certaine crédibilité liée à mon expérience en tant que vulgarisateur des sciences au sein de la BBC ou de National Geographic. Il souhaite faire connaître cette information via quelqu'un qui a un intérêt pour ces questions, mais qui est aussi un sceptique capable de poser les bonnes questions pour tester la véracité de cette affirmation. C'est ce que j'ai fait, et ma source m'a totalement convaincu de la solidité de ses affirmations. J'ai été très dur avec lui, je lui ai demandé des preuves de ce qu'il avançait, des références, des travaux scientifiques validés par les pairs, les noms d'autres radio astronomes qui pourraient confirmer ses dires : il a répondu positivement à la plupart de mes demandes.

Didier Jamet : Pardonnez-moi de reformuler la question, mais pourquoi tout ceci n'est pas rendu public officiellement ?

Simon Holland :Ma source affirme que beaucoup de gens connaissent ce fait, mais que le groupe qui a fait la découverte de ce signal et l'étudie encore activement aujourd'hui, a contacté les Nations-Unies pour faire l'annonce, et que celles-ci ont répondu que les données n'étaient pas suffisamment solides pour qu'une annonce aussi potentiellement révolutionnaire soit faite au public mondial, alors que de nombreuses crises politiques mais aussi religieuses et morales secouent la planète.

Il est cependant intéressant de noter que des fonds de plus en plus considérables sont accordés à ces programmes d'écoute en radio astronomie, notamment en Europe par le biais du programme Horizon. Le financement pour la radio astronomie au cours des 5 dernières années est monté à des niveaux jamais connus auparavant, de nouveaux radio télescopes ont été construits ou sont en passe de l'être comme le SKA, Square Kilometer Array en Australie. Il n'y a pas encore d'articles scientifiques validés par des pairs et publiés dans des revues sérieuses, et pour cause car certains de ces instruments sont encore en développement. Mais je pense qu'il y a suffisamment d'indices pour affirmer que tout ceci correspond à la réalité.

Même SETI dit aujourd'hui ouvertement que leur stratégie de recherche a évolué et qu'ils ne cherchent plus des communications intentionnelles, mais des fuites électromagnétiques de civilisations technologiques.

Didier Jamet : Nous avons spécifiquement parlé du signal en provenance de Proxima du Centaure. Avez-vous connaissance de la localisation d'autres sources clairement identifiées ? Il y en a au moins 4 autres si je vous suis bien.

Simon Holland in his worshop. No, he isn\'t building a flying saucer, nor a time machine...
Simon Holland in his worshop. No, he isn't building a flying saucer, nor a time machine...

Crédit : Didier Jamet, Ciel des Hommes ©

Simon Holland : Je me suis adressé au Docteur Andrew Siemion qui est le coordinateur de SETI à l'Université de Berkeley et investigateur principal pour Breakthrough Listen.

Je lui ai posé exactement votre question. Sa réponse est fascinante : la raison pour laquelle il étudient en radio le système solaire le plus proche de la Terre est d'abord pratique : on peut espérer obtenir des données à haute résolution, capter un signal relativement faible, mais c'est la deuxième partie de sa réponse qui est la plus intéressante : il dit qu'il y a possiblement une limite au-delà de laquelle ça ne sert à rien de chercher une signature technologique.

Capter un signal provenant d'une source à 2000 années-lumière serait intéressant en soi mais n'offrirait aucune possibilité pratique de communication. Et Andrew Siemion estime qu'il ne sert à rien de chercher au-delà d'une sphère de 100 années-lumière, ce qui est déjà beaucoup.

Personnellement je ne connais pas les autres systèmes stellaires d'où proviennent les fuites radio, mais ma source le sait.

Didier Jamet : Quel message souhaiteriez-vous transmettre à nos lecteurs en guise de conclusion à cet entretien ?

Simon Holland : En cette matière particulière, il est absolument essentiel de dépasser les frontières nationales, gouvernementales et culturelles. La connaissance scientifique doit bénéficier à toute l'humanité. Il faut partager cette information au niveau international, et je pense que spécifiquement la radio astronomie est une des meilleures organisations scientifiques qui partage ouvertement ses données et ses informations. Je suis très impatient que SETI ou Breakthrough Listen publient enfin leurs découvertes, et j'ai toutes les raisons de penser que cette révélation officielle est à présent imminente.

Propos recueillis et traduits par Didier Jamet, reproduction et utilisation du texte et des photos interdite sans autorisation.

Simon Holland in his home Youtube Studio I can\'t wait for SETI or Breakthrough Listen to finally publish their findings, and I have every reason to believe that this official revelation is now imminent.
Simon Holland in his home Youtube Studio I can't wait for SETI or Breakthrough Listen to finally publish their findings, and I have every reason to believe that this official revelation is now imminent.

Crédit : Didier Jamet, Ciel des Hommes ©