article de Didier Jamet
3 FEVRIER 2004
Elle s’appelle officiellement HD 209458 b, certains suggèrent de l’appeler Osiris (comme la divinité égyptienne, sa substance est vaporisée dans l’espace sous l’influence de son trop proche Soleil), et une équipe de chercheurs emmenée par le français Alfred Vidal-Madjar vient de confirmer la présence d’oxygène et de carbone dans son atmosphère. Une première au-delà du système solaire.
Même s’il est exclu d’envisager toute forme de vie sur cette géante gazeuse, ces résultats sont encourageants car ils confirment la possibilité de découvrir de tels biomarqueurs dans l’atmosphère d’une planète située à des dizaines d’années-lumière de nous.
Comme la plupart des êtres vivants sur la planète Terre, nous mangeons des hydrates de carbone (les glucides) et nos cellules brûlent l’oxygène que nous fournissent les plantes, lesquelles s’alimentent en retour du dioxyde de carbone que libère notre respiration. Toutes ces activités laissent des traces dans l’atmosphère, où par exemple la proportion d’oxygène moléculaire a atteint des niveaux significatifs, plus de 20 %.
Cette situation est une anomalie dans le système solaire, où les autres planètes rocheuses dotées d’atmosphère voient prédominer le dioxyde de carbone, à plus de 95 %. Et cette anomalie est justement le trait caractéristique de la planète Terre, en tant qu’elle y signale la présence de vie.
Lorsque les armadas de télescope spatiaux que préfigurent les projets Darwin ou TPF seront en service, leur principale mission sera de capter la lumière réfléchie par ces nouvelles terres, et de tenter d’y déceler la présence d’une telle anomalie, laquelle nous renseignera sur l’existence d’une activité biologique.
Bien entendu, avant d’analyser l’atmosphère d’une exoplanète rocheuse, il convient déjà d’en trouver une. Dans ce contexte, le récent abandon par l’Europe du projet Eddington, qui en avait la possibilité, apparaît tout simplement incompréhensible.
Les résultats qui viennent d’être publiés sur Osiris, même s’ils concernent un astre qui, en tant que planète gazeuse s’évaporant sous la chaleur de son Soleil trop proche, n’a aucune chance d’abriter la vie, sont un premier pas vers la mise au point des techniques d’observation qui nous permettront peut-être un jour de répondre à la question fondamentale de savoir si nous sommes seuls dans l’Univers. Osiris, le dieu qui pour les anciens Egyptiens régnait sur l’au-delà, nous apprendra-t-il à retrouver la vie ? Ce ne serait sans doute pas le moindre des paradoxes de cette découverte.
