Ariane 5 10 tonnes, retour sur les faits

article de Olivier Sanguy
12 DECEMBRE 2002

Ariane 5 10 tonnes au départ de son vol inaugural. Tout avait bien commencé.
Ariane 5 10 tonnes au départ de son vol inaugural. Tout avait bien commencé.

Arianespace

Mercredi 11 décembre, la version 10 tonnes d’Ariane 5 a connu un échec. Jean-Yves Le Gall, Directeur Général d’Arianespace vient d’exposer la chronologie du tir au cours d’une conférence de presse dont voici le compte rendu.

- 96 secondes après le début de la phase de lancement, les mesures indiquaient une baisse de pression au niveau d’un circuit de refroidissement du Vulcain II (moteur unique de la fusée, assisté par 2 « boosters » à poudre situés sur les flancs d’Ariane 5).

- De 178 à 186 secondes, des perturbations dans le fonctionnement du Vulcain II se traduisaient par des problèmes dans le contrôle du vol. Le lien avec la baisse de pression enregistrée précédemment n’est pas établi à ce stade de l’enquête. Entre-temps, les 2 boosters s’étaient détachés normalement.

- 187 secondes : la coiffe (qui protège les satellites) est larguée selon le déroulement normal des opérations, mais l’altitude (150 km) et la trajectoire du lanceur ne sont pas conformes au plan de vol.

- 455 secondes : la fusée est redescendue à 69 km d’altitude. En application des procédures de sécurité, le lanceur s'auto-détruit . L’impact des débris s’effectue dans l’océan Atlantique à environ 900 km des côtes de la Guyane française.

Il est à noter que le nouvel étage supérieur (ESC-A, Etage Supérieur Cryotechnique) n’a pas eu le temps de fonctionner puisqu’il ne se met en activité qu’à la 9ème minute de vol.

2 satellites sont perdus : Hot-Bird 7 (télévision directe de la firme Eutelsat) et Stentor (démonstrateur technologique du CNES).

Jean-Yves Le Gall a annoncé la constitution d’une commission d’enquête indépendante. L’objectif est double. Bien entendu, il faut reconstituer les causes de l’accident, mais aussi déterminer si cet échec peut concerner l’Ariane 5 de base (moteur Vulcain de première génération).

Le lancement prochain de la sonde Rosetta, le 12 janvier, est en effet concerné puisqu’il utilisera cette version « de base » de la fusée européenne.

L’incident est commercialement malvenu dans un contexte de forte concurrence sur le marché du lancement, surtout au moment où les 2 nouvelles fusées américaines (Delta 4 de Boeing et Atlas 5 de Lockheed-Martin) ont récemment réussi leur premier vol. Cette remarque doit cependant être pondérée par le fait que ces 2 fusées n’ont pas encore fait de lancement dans leur versions lourdes, capables de rivaliser avec l’Ariane 5 10 tonnes.


Olivier SANGUY est rédacteur en chef d’ESPACE Magazine, le magazine de la conquête spatiale

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