S’adapter à la pesanteur martienne

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Karen Miller
traduction de Didier Jamet
24 NOVEMBRE 2002

La « centrifugeuse à taille humaine » que Bill Paloski compte utiliser.
La « centrifugeuse à taille humaine » que Bill Paloski compte utiliser.

NASA

« Nous savons que les astronautes commencent tout juste à se réadapter à l’environnement terrestre entre 2 à 4 jours après leur retour d’un vol spatial de courte durée. Alors nous nous sommes dit, laissons passer 3 jours, le temps qu’ils soient juste acclimatés, et voyons si nous pouvons faire en sorte que leur cerveau passe d’un état à l’autre. »

Pour y parvenir, Paloski va placer les astronautes en centrifugeuse. Tandis que les astronautes sont confortablement installés sur le côté (un seul à la fois), on met la machine en route à différentes vitesses, en avant et en arrière. Après dix minutes de ce régime, les astronautes sont testés. On leur demande de prendre place dans une cabine où leurs pieds reposent sur une plateforme un peu spéciale.

Tout ce qu’ils ont à faire, c’est de se tenir aussi immobile que possible. Mais la plateforme et la cabine sont conçues de manière à pouvoir isoler les différents types d’informations sensorielles utiles à la conservation de l’équilibre : visuel, proprioceptif et vestibulaire.

Par exemple, les capteurs proprioceptifs essentiels au maintien de l’équilibre sont les détecteurs d’allongement situés dans vos chevilles, et la plateforme peut supprimer cette source d’information. « Si vous commencez à pencher vers l’avant » explique Paloski, « nous donnons à la plateforme un angle identique à celui que vous avez parcouru, de sorte que l’angle que font vos chevilles avec l’horizontale semble ne jamais bouger. »

En faisant tournoyer les astronautes puis en les testant dans la « cabine d’équilibre », Paloski espère apprendre comment faciliter la transition d’un état à l’autre. Ses cobayes seront les membres d’équipage de la mission de la navette spatiale STS-107, qui doit partir en janvier 2003.

« Nous avons prévu de tester ces astronautes à la fois avant et après la mission » dit-il.

Les recherches de Paloski aideront peut-être les astronautes à retrouver plus vite l’équilibre, mais elles vont bien au-delà.

Par exemple, un effet secondaire de la transition entre les modèles sont des nausées assez semblables au mal des transports. Les travaux de Paloski pourront aider les médecins à comprendre de tels maux.

Il sera peut-être également possible d’entraîner les astronautes à élaborer les modèles avant qu’ils en aient besoin.

Par exemple il sera peut-être possible pour les futurs explorateurs martiens d’intégrer un modèle à 1/3 de g bien avant qu’ils n’atteignent la planète rouge.

Et pour nous sur Terre ? le travail de Paloski peut aussi nous apporter quelque chose. Fondamentalement, ses recherches portent sur l’apprentissage et le meilleur moyen de le faciliter. Quelque chose dont nous avons besoin chaque jour de notre vie.

Quelques liens pour aller plus loin

Bureau de recherche biologique et physique de la NASA

STS 107. 80 expériences scientifiques en orbite

Quelques données chiffrées à propos de l’expérience de Paloski

Sens dessus-dessous dans l’espace

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