article original publié par Science @ Nasa
auteur : Steve Price
traduction de Didier Jamet
18 JUIN 2002
La boîte à gants est équipée comme une paillasse de laboratoire traditionnel. Il y a une arrivée d’électricité, des soupapes pour faire le vide et des tableaux de contrôle informatique. Cet environnement familier aide les scientifiques à concevoir des expériences spatiales lorsqu’ils sont devant leur paillasse habituelle, sur Terre. L’intervention humaine simplifie le déroulement des expériences. Lorsqu’elles sont conçues pour se dérouler dans la boîte à gants, les expériences peuvent être développées en deux ou trois ans, pour un coût largement inférieur à celui de processus entièrement automatisés.
Ce n’est pas la première fois qu’une « boîte à gants » s’est envolée pour l’espace. Les astronautes ont déjà utilisé ce principe dans la navette spatiale de la NASA, ainsi qu’à bord de la station Mir. Mais ce modèle-ci est plus grand et meilleur que ses prédécesseurs sous bien des aspects. Par exemple, les caméras installées à l’intérieur de la MSG peuvent transmettre en direct les images vers la Terre, où les scientifiques ont les moyens de surveiller et même de diriger leurs propres expériences. Au final, astronautes et scientifiques forment une équipe de collaborateurs créatifs échangeant des idées en temps réel – « Quelque chose que nous ne pouvions pas faire auparavant » rappelle Wright.
Les scientifiques sont impatients d’utiliser la MSG pour plein de choses –explorer la physique des fluides, l’étrange comportement des flammes, le fonctionnement intime des cellules, la croissance des tissus… et la liste est longue. Certaines expériences prévues sur la liste des missions sont à ce point d’avant-garde qu’elles pourraient passer pour de la science-fiction.
Imaginez par exemple un fluide qui se solidifie quand vous en approchez un aimant, et se liquéfie à nouveau lorsque vous retirez l’aimant. Ça paraît incroyable, mais ça existe. Une expérience à venir nommée InSpace utilisera la boîte à gants pour explorer les propriétés de ces liquides exotiques, désignés sous le vocable de « fluides magnéto rhéologiques ».
Leur possibilités confondent l’imagination : en théorie, des surfaces enduites de tels fluides pourraient changer de forme sous l’effet de contrôles magnétiques. Une unique matrice magnéto rhéologique pourrait produire une variété infinie de figures. Les éditeurs pourraient publier des textes magnétiques en Braille, aussi faciles à rédiger et à faire défiler que des mots traditionnels sur l’écran d’un ordinateur. Les chirurgiens prothésistes pourraient également construire des membres magnéto rhéologiques qui bougeraient et s’articuleraient comme des vrais.
« Mais avant tout ça » tempère Jack Lekan, chef du projet InSpace au centre de recherche Glenn, « il nous faut en savoir beaucoup plus sur la physique fondamentale de ces fluides. » Ce sera l’objectif de InSpace.
Durant les expériences, les astronautes observeront ce qui se passe quand un fluide magnéto rhéologique en suspension est soumis à des impulsions magnétiques. Pour recueillir les données dont les scientifiques ont besoin, les astronautes devront aligner et focaliser les moyens de prise de vue sur un champ minuscule de 0,2 millimètre de profondeur. Si une bulle indésirable menace de passer dans le champ… Ouste ! Ils la repousseront d’une chiquenaude. « Les astronautes font partie intégrante de l’étude » confirme Lekan.
La navette spatiale Endeavour (STS-111) a livré la boîte à gants la semaine passée. C’est une bonne nouvelle pour les scientifiques sur Terre comme pour les astronautes. Selon Wright, « les astronautes adorent les expériences où ils peuvent mettre la main à la pâte ». Maintenant, ils sont incités à le faire.