Des astronautes pleins de tact

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Steve Price
traduction de Didier Jamet
18 JUIN 2002

Sur Terre, Aleksander Ostrogorsky scrute l’intérieur de la « boîte à gants » au travers de ses larges panneaux transparents
Sur Terre, Aleksander Ostrogorsky scrute l’intérieur de la « boîte à gants » au travers de ses larges panneaux transparents

Nasa

La Station Spatiale Internationale vient de recevoir un appareillage qui ajoutera quelque chose de fondamental à ses programmes de recherche : le sens du toucher.

Enfant, Mary Etta Wright adorait faire des expériences. Elle mélangeait les poudres de sa boite de chimie amusante, démontait le poste de radio familial… et, oui, en effet, il y eut cette fois où elle laissa tomber (et voler en éclats) le cochon-tirelire de son papa.

«  On aurait pu croire que je cherchais toujours à m’attirer des ennuis » en plaisante-t-elle aujourd’hui, « mais en fait, toucher les choses était ma façon à moi de les appréhender ».

Aujourd’hui, Wright, qui travaille au Laboratoire de Développement en Microgravité de la NASA, au sein du Centre Spatial Marshall, aide les astronautes à pratiquer eux aussi des activités manuelles.

Ingénieur, elle tient un rôle de premier plan dans le projet de « boîte à gants pour la recherche en microgravité » - un appareillage qui permettra aux astronautes d’atteindre et de manipuler certaines des étonnantes expériences qui prendront bientôt place à bord de la Station Spatiale Internationale.

« Les Humains sont des chercheurs-nés » affirme Wright. « Nous pouvons observer, réagir à l’inattendu et composer avec les moyens à notre disposition pour retirer le maximum de toute expérience. » Cependant jusqu’à maintenant, c’était la plupart du temps impossible à bord de l’ISS. Beaucoup d’expériences se déroulaient à l’intérieur de compartiments scellés, qu’il était interdit d’ouvrir.

Cette interdiction était édictée pour le bien de l’équipage. Les liquides en apesanteur, par exemple, ont tendance à sortir des tubes à essai. Et si les vapeurs s’épaississent, les astronautes n’ont pas la possibilité d’ouvrir en grand le premier hublot venu pour avoir de l’air frais. Les toxiques flottant en suspension sont un danger pour l’équipage et la station elle-même – Ils doivent être maintenus en vase clos.

Les scientifiques avaient besoin de quelque chose qui maintiendrait les toxiques sous contrôle… tout en n’empêchant pas les astronautes de les manipuler. La solution réside dans la « boîte à gants » de recherche en microgravité, construite par l’ESA, l’agence Spatiale Européenne. À la NASA, elle est mieux connue sous le nom de « MSG », l’acronyme de « Microgravity Science Glovebox »

La boîte à gants est une chambre d’aluminium hermétiquement scellée… mais avec des mains. « La MSG est grande comme un juke-box de taille respectable » décrit Wright. Il y a un espace dévolu aux expériences d’un volume de 255 litres. Les astronautes y ont accès grâce aux gants en caoutchouc situés devant et sur les côtés. De larges panneaux transparents usinés dans du Lexan (un plastique très résistant largement utilisé sur Terre, depuis la bouteille d’eau jusqu’à l’abribus) permettent d’avoir une vue précise de ce qui se passe à l’intérieur.

« C’est une magnifique installation, un peu comme un petit laboratoire » confirme Aleksander Ostrogorsky, professeur à l’Institut Polytechnique Rensselaer qui utilisera bientôt la Boîte à gants pour étudier les semi-conducteurs.

Suite de cet article : Les astronautes mettent la main à la pâte

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