article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
20 OCTOBRE 2010
Alors que la comète Hartley 2 se trouve aujourd’hui même au plus près de la Terre, la sonde spatiale deep impact/EPOXI se rue vers elle pour la survoler à 700 km de distance le 4 novembre prochain. Les responsables de la mission indiquent que tout est en ordre pour cette rencontre rapprochée avec une des comètes les plus petites et cependant les plus actives qu'ils aient jamais vues.
« Le système solaire contient des milliards de comètes, mais ce sera cependant seulement la cinquième fois qu'une sonde spatiale s'approchera suffisamment de l'une d'elles pour prendre des images de son noyau » affirme Lori Feaga, de l'équipe scientifique d'Epoxi.
Les comètes ont généralement des orbites fortement elliptiques, ce qui signifie qu'elles s'éloignent fortement du Soleil pour finir par s'en rapprocher grandement. Lorsque Epoxi survolera Hartley 2, celle-ci sera en train de s'approcher du Soleil et de se réchauffer après un long séjour dans les confins glacés du système solaire. La glace de son noyau commencera à se vaporiser furieusement, projetant dans l'espace des jets de gaz et de poussière.
« Le noyau d'Hartley 2 est petit, un peu plus d'un kilomètre de diamètre" reprend Feaga. « Mais sa surface dégaze à un taux plus élevé que d'autres noyaux que nous avons vus auparavant. Nous nous attendons à plus d’activité de celui-ci. »
Epoxi se retrouvera dans la chevelure de la comète, la brillante aura de débris éclairée par le soleil qui enveloppe le noyau. Les caméras de la sonde spatiale, prenant des images à haute résolution (7 m par pixels au mieux) pendant tout le survol, révéleront ce Nouveau Monde dans toute sa gloire.
« Nous espérons observer des caractéristiques du visage balafré de la comète : cratère, fractures, cheminées, » confie Sébastien Bess de l'équipe scientifique. « Peut-être même serons-nous capables de dire d'où proviennent les jets de gaz ! »
Les instruments de la sonde sont déjà entraînés sur leur cible.
« Nous sommes encore assez loin, si bien que nous ne voyons pas encore le noyau » explique Besse. « Mais nos observations quotidiennes avec le spectromètre et les caméras nous aident déjà à identifier les espèces et les quantités de gaz dans la chevelure ainsi que la façon dont ils évoluent dans le temps. »
L'objectif de la mission et de glaner des informations sur la composition du noyau afin de le comparer à celui d'autres comètes. Comme les comètes passent l'essentiel de leur temps loin du Soleil, le froid préserve leur composition, et celle-ci raconte une histoire passionnante :
« Les comètes sont les reliquats des matériaux de construction de notre système solaire » explique Besse. « Quand les planètes se sont formées à partir du matériau de la nébuleuse solaire tournant autour du Soleil, les comètes n'ont pas été entraînées vers le centre. »
Les chercheurs étudient ces spécimens en état de conservation exceptionnelle du système solaire primitif afin d'apprendre comment il s'est formé et comment il a pu engendrer une planète propice à la vie comme la Terre.
« Ces survols nous aident à déterminer ce qui s'est passé il y a 4,5 milliards d'années » affirme Feaga. « Jusqu'ici nous n'avons pu observer que quatre noyaux. Nous avons besoin d'étudier plus de comètes pour comprendre ce qui les distingue et ce qu’elles partagent. Cette occasion nous aidera tout particulièrement puisque Hartley 2 est part de nombreux aspects très différentes de celles que nous avons déjà vues. »
« Cette sonde spatiale a été construite pour les rencontres rapprochées. Ses instruments et notre programme d'observation sont optimisés pour ce type de mission. Lorsqu'elle s'appelait encore Deep impact, elle a survolé Tempel 1 et a écarté ses instruments du noyau pour les protéger des débris éjectés lors de l’impact. Cette fois-ci, elle ne détournera pas son regard. »
L'équipe Epoxi attendra les résultats au JPL.
« Nous plongerons dans les données dès que nous les recevrons » promet Feaga. « Nous travaillerons sans relâche jour et nuit s'il le faut ». Ce que confirme Besse : « Nous obtenons déjà beaucoup de données, mais au moment du survol nous serons inondés ! »