Les promesses du printemps martien

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
6 JUIN 2002

Ces cartes en fausses couleurs des régions polaires martiennes donnent une idée de la répartition de l’hydrogène, toujours en bleu. Le Pôle sud est littéralement pris par les glaces. Le pôle nord contient également de la glace d’eau, mais pour le moment est elle dissimulée sous une couche de givre de dioxyde de carbone (c’est actuellement l’hiver au pôle nord martien).
Ces cartes en fausses couleurs des régions polaires martiennes donnent une idée de la répartition de l’hydrogène, toujours en bleu. Le Pôle sud est littéralement pris par les glaces. Le pôle nord contient également de la glace d’eau, mais pour le moment est elle dissimulée sous une couche de givre de dioxyde de carbone (c’est actuellement l’hiver au pôle nord martien).

Nasa's planetary photojournal

Les différents instruments du spectromètre gamma GRS peuvent sonder la composition du sol

Jusqu’à un mètre de profondeur. En combinant différents types de données recueillies par les instruments, l’équipe d’Odyssey en a conclu que l’hydrogène n’est pas réparti uniformément dans ce premier mètre mais se trouve concentré dans une couche immédiatement sous la surface.

L’équipe a également découvert que les régions riches en hydrogène se situent dans des zones connues pour leur basse température, et où la glace devrait donc se maintenir. Cette corrélation entre un contenu riche en hydrogène et une zone compatible avec la présence de glace a amené les chercheurs à la conclusion que l’hydrogène se trouvait bien piégé sous forme de glace d’eau. Cette couche riche en glace se trouve à environ 60 centimètres sous la surface à 60 degrés de latitude sud, pour remonter à 30 centimètres à 75 degrés de latitude sud.

William Feldman, investigateur principal du laboratoire national de Los Alamos, en charge du spectromètre à neutrons du GRS, remarque que « la signature de l’hydrogène enfoui à proximité du pôle sud est également relevée dans le Nord, mais pas près du pôle. » La raison en est qu’en cette saison le pôle nord martien est recouvert par une couche de givre de dioxyde de carbone. « À mesure que le printemps approche dans l’hémisphère nord, les dernières données du spectromètre à neutrons nous indiquent que le givre perd peu à peu du terrain, révélant le sol riche en hydrogène qui se trouve en dessous.

« Cela fait un moment que nous suspectons Mars de receler de grandes quantités d’eau près de la surface » assure Jim Garvin, chercheur du programme martien au siège de la NASA. Mais où cette eau est-elle donc partie ? Et quelles en sont les implications pour la vie sur Mars ?

« Mesurer et cartographier les sols gelés dans les régions polaires de Mars comme l’a fait l’équipe Odyssey a permis de rassembler d’importantes pièces du puzzle, mais il en manque encore. Et peut-être devrons-nous chercher beaucoup plus profond pour trouver le reste d’eau qui devait baigner Mars autrefois. »

Un autre résultat du spectromètre à neutrons indique que de larges zones de Mars à basse et moyenne latitude contiennent également un léger excès en hydrogène, équivalent à plusieurs pour cent d’eau par rapport à la masse. L’interprétation des données est en cours, mais l’hypothèse préliminaire de l’équipe est que cette relativement faible quantité d’hydrogène est plus sûrement liée à la composition des minéraux du sol qu’à de l’eau sous forme de glace.

« Mars vient encore de nous surprendre » conclut Stephen Saunders, scientifique du projet Odyssey au Jet Propulsion Laboratory de la NASA. « Les premiers résultats du spectromètre gamma sont meilleurs que nous n’aurions jamais osé l’espérer ».

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