article de Thibaut Alexandre
14 NOVEMBRE 2018
Alors que les astronomes du monde entier s'apprêtent à observer le passage d'une comète visible à l'oeil nu en décembre, 46P/Wirtanen, un de ces astres chevelus nouvellement découvert est visible à l'aube.
De nos jours, lorsqu'on est astronome amateur, découvrir une comète est devenu une véritable gageure. Notre ciel est en effet scruté en permanence par plusieurs programmes de recherches automatiques en quête de ce type d'objets. C'est pourtant l'exploit qu'ont pu accomplir le 7 novembre 2018 trois astronomes amateurs, l'un en Californie et les deux autres dans le Sud du Japon. La primeur de la découverte revient à Donald Machholz, insatiable chasseur de comètes qui signe ici sa douzième découverte, à l'issue de 746 heures de recherches depuis sa dernière trouvaille du 23 mars 2010.
Quelques heures plus tard, deux astronomes amateurs japonais ont découvert indépendamment cette comète : Shigehisa Fujikawa, connu pour sa redécouverte de la 72ème comète périodique (72P/Denning-Fujikawa) et qui signe ici sa troisième découverte de comète, et Masayuki Iwamoto, dont le tableau de chasse affiche 6 astéroïdes.
La comète C/2018 V1 Machholz-Fujikawa-Iwamoto possède une orbite très excentrique, indiquant qu'elle provient directement des confins du Système solaire et qu'il s'agit de son premier et certainement unique passage dans le Système solaire interne. Son passage au plus près du Soleil, appelé périhélie, est prévu pour le 3 décembre, à une distance de 0,39 Unités Astronomiques, c'est-à-dire juste à l'intérieur de l'orbite de Mercure. Un passage aussi proche pour une boule de neige sale qui n'a jamais connu ce type de rapprochement ne devrait pas être sans conséquence pour la comète, dont l'enveloppe glacée va se sublimer. Prédire ce qu'il va se passer est pratiquement mission impossible, tant le comportement d'une comète, a fortiori inconnue, est imprévisible : disparition, sursaut d'éclat, dislocation du noyau, tout peut arriver !
Un fait intéressant semble néanmoins se présenter : C/2018 V1 affiche actuellement une magnitude de 8, ce qui indique qu'elle est plus brillante que les premiers calculs prévoyaient. Pour l'instant, il est prévu qu'elle atteigne la magnitude 7 de la fin novembre à début décembre, ce qui ne suffirait pas à la rendre visible à l'oeil nu. Mais si elle continue sur sa lancée, elle pourrait, pourquoi pas, devenir provisoirement visible à l'oeil nu à ces dates.
Il faudra donc observer avec attention son comportement dans les jours à venir, ce qui devrait être aisé si la météo s'y prête, car elle est bien visible dans le ciel du petit matin, après 5h00 pour la France métropolitaine, en pleine constellation de la Vierge. Jusqu'au 18 novembre, il faudra la chercher sur une ligne joignant les étoiles Porrima et dzéta de la Vierge, à une dizaine de degrés au-dessus de la brillante planète Vénus. Le 18 novembre au matin, la comète sera à environ 2 au Sud-Ouest de cette dernière étoile. Jour après jour, la comète va se rapprocher un peu plus de la position apparente du Soleil, et il faudra patienter un peu plus pour espérer la voir. Ainsi, aux alentours du 25 novembre, elle ne deviendra facilement observable qu'à partir de 6h30 du matin environ.
Le 27 novembre, C/2018 V1 Machholz-Fujikawa-Iwamoto passera au plus près de la Terre, à une distance de 0,67 Unités Astronomiques, c'est-à-dire environ 100 millions de km. Il faudra alors la chercher vers 7h30 du matin, dans un ciel devenant clair, tout près de l'étoile mu du Serpent, qui marque le bas de la constellation de la Tête du Serpent.
Après cette date, la comète ne devrait plus être visible, car perdue dans les lueurs de l'aube. A moins d'un fort sursaut d'activité !
Nous avons donc deux semaines devant nous pour profiter du passage unique de C/2018 V1. Un excellent entraînement avant 46P/Wirtanen, qui va illuminer notre ciel tout au long du mois de décembre !