Où va retomber le satellite fou de la NASA ?

article de Didier Jamet
22 SEPTEMBRE 2011

Les traces au sol des probables 3 dernières orbites d\'UARS encadrent remarquablement le territoire métropolitain, avec une mention toute spéciale pour Marseille et la côte d\'Azur.
Les traces au sol des probables 3 dernières orbites d'UARS encadrent remarquablement le territoire métropolitain, avec une mention toute spéciale pour Marseille et la côte d'Azur.

Ted Molczan/Spaceweather/Ciel des Hommes

Pesant près de 6 tonnes et mesurant 10 mètres de long pour 4,5 de diamètre, soit à peu près le gabarit d’un bus, le satellite américain UARS devrait effectuer une rentrée incontrôlée dans l’atmosphère dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 septembre. Où risque-t-il de s’abattre ? C’est toute la question.

Lancé par la navette spatiale Discovery en 1991, UARS avait pour mission d’étudier la haute atmosphère, d’où son nom, acronyme de « Upper Atmosphere Research Satellite ». Fournissant de précieuses données sur le cycle de l’ozone, il a notamment permis de confirmer que les CFC rejetés par les activités humaines étaient en grande partie responsables de la destruction saisonnière de la couche d’ozone au niveau des pôles.

Ces résultats acquis, UARS a pris une retraite bien méritée le 14 décembre 2005. Seul problème, rien n’avait été prévu 15 ans auparavant pour gérer la fin de vie de ce mastodonte, sinon de laisser lentement se dégrader l’orbite de ce qu’il faut bien appeler un déchet. Un gros déchet même, un encombrant pour tout dire, particulièrement pour la NASA, l’agence spatiale américaine responsable du satellite, qui ne sait plus très bien comment gérer la crise, sinon en avançant assez maladroitement des statistiques censées être rassurantes.

Ainsi, si jamais un des probables 26 morceaux de ce satellite (chacun d’une masse comprise entre 2 et… 158 kilogrammes, excusez du peu !) retombait sur votre tête dans la nuit de vendredi à samedi, vous seriez sans doute ravi d’apprendre que vous n’aviez qu’une chance sur 3200 pour que cela vous arrive, bien que vous trouvant dans la zone de retombée ! Exprimé autrement, ce serait quasiment votre jour de chance… Vraiment dommage que la super cagnotte de l’Euromillion soit tombée la semaine d’avant ! La NASA nous explique aussi que, que voulez-vous, c’est comme ça, à l’époque, personne ne prenait sérieusement en compte ce genre de risque dans la conception des satellites, mais que la prochaine fois, promis-juré, la chance pour que ça vous tombe dessus ne sera plus que de 1 sur 10 000 ! Et puis encore que, certes, UARS est un beau bébé, mais que la chute d’objets aussi massifs, sans être tout a fait fréquente, n’est pas non plus si inhabituelle que ça, tout ça en appuyant sa démonstration sur … un seul exemple ! la chute du Falcon 9 et de la maquette du module Dragon en juin 2010… Bref, l’Agence spatiale américaine est un peu gênée aux entournures, et on la comprend…

Trève d’ironie, quels sont les vrais risques ? Ted Molczan, un citoyen américain spécialiste en amateur du suivi des satellites, a produit la carte qui illustre cet article sur la base des données transmises par le Commandement Stratégique des Etats-Unis, l’USSTRATCOM. On y voit la trace au sol des 3 probables dernières orbites d’UARS. Premier constat plutôt rassurant pour la France, le territoire métropolitain n’est à l’heure actuelle que très marginalement concerné par un risque de retombée du satellite fou, et les DOM-TOM sont eux totalement hors de danger.

Lors de ses probables 3 dernières orbites, et en fonction des données actuellement disponibles, UARS devrait en effet remarquablement encadrer l’hexagone au nord et au sud, mais en évitant la majeure partie du territoire. Seules, dans le sud-est, Marseille et la côte d’Azur seront survolées en enfilade au début de la deuxième orbite potentiellement (et probablement) fatale d’UARS. Avouons-le, la probabilité est faible pour que cette zone soit finalement celle de la retombée, et tous les calculs pointent vers une retombée un peu plus tardive, plutôt vers l’ouest de l’Océan Pacifique, non loin de la fosse des Mariannes, un point de chute idéal en terme de risque pour les populations.

Et les Etats-Unis d’Amérique dans tout ça ? Oui, ceux qui ont envoyé dans l’espace il y a 20 ans un bus chargé de tonnes de Titane sans s’inquiéter de l’endroit où il pourrait bien retomber ? Rassurez-vous, ils ne risquent absolument rien n’étant pas survolés lors de ces dernières orbites ! Comme le répétait sans cesse Pangloss dans le Candide de Voltaire, nous vivons décidément dans le meilleur des mondes possibles...

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