article de Didier Jamet
9 NOVEMBRE 2010
L’astronomie n’est pas le principal sujet du film « Nostalgie de la lumière » de Patricio Guzmàn. Le vrai sujet, c’est le temps, celui qui passe, et celui qui ne veut pas passer, parce qu’il attend la justice. Ce soir, mardi 9 novembre à 20 h 45, ce film sera projeté au cinéma « Les Cinoches » de Ris-Orangis. Il sera suivi d’une discussion ouverte à tous sur science et politique que j’aurai le plaisir d’animer.
Nostalgie de la lumière est un film d’autant plus bouleversant qu’il a été tourné avec une grande pudeur, sans aucune des facilités larmoyantes dans lesquelles le réalisateur aurait pu aisément tomber, étant donné la gravité de certaines histoires personnelles racontées ici.
Le film débute par une séquence nostalgique sur le « télescope allemand » de Santiago du Chili, magnifique réfracteur Heyde de 12 pouces toujours en parfait état de fonctionnement aujourd’hui et auquel le réalisateur doit sa passion pour l’astronomie. Cette pièce d’orfèvrerie, véritable allégorie technique d’un âge d’or à tout jamais perdu, nous rappelle qu’il y eut un temps où les sciences étaient avant tout un art.
Puis nous partons à la rencontre de gens dont la vie tourne autour d’un même lieu, le désert d’Atacama, mais pour des raisons à priori fort différentes : astronomes travaillant au VLT, archéologue étudiant les vestiges des populations précolombiennes, et proches de disparus sous le régime dictatorial que connut le Chili de 1973 à 1990.
Pourtant, ces hommes et ces femmes ont un point commun : par leur quête à travers les vestiges du temps et de l’espace, ils cherchent à comprendre ce qui s’est passé, et à donner un sens à cette suite d’événements plus ou moins cohérente qu’on appelle l’histoire, qu’il s’agisse de celle de l’Univers ou de celle des hommes.
Nostalgie de la lumière est un film magnifique et rare. À ce titre, il aurait mérité une diffusion bien plus large que la poignée de salles dans lesquelles il est projeté. Mais il semble bien que, comme l’avait anticipé Baudelaire dans un projet de préface aux Fleurs du Mal, « ce monde a acquis une épaisseur de vulgarité qui donne au mépris de l’homme spirituel la violence d’une passion. Mais il est des carapaces heureuses que le poison lui-même n’entamerait pas. »
À n’en pas douter, Nostalgie de la lumière est une de ces « carapaces heureuses » contre la médiocrité des temps.
Nostalgie de la lumière – Salle Jeanne Moreau 2 (Plateau) – Mardi 9 novembre 2010 à 20h45
Accès : Par le RER D : Gare de Grigny centre, sortie Ris-Orangis ou Gare d'Orangis Bois de l'Épine.
Répondeur Cinéma : 01 69 02 78 20
Tarifs :
Plein tarif : 6 €
Chômeurs, retraités et - de 25 ans : 4 €