article de Didier Jamet
22 OCTOBRE 2003
La voiture solaire néerlandaise Nuna II, qui utilise des technologies
spatiales de l’ESA, remporte la première place du Défi solaire mondial, à l’issue d’une course de 3010 km à travers le territoire australien
organisée pour des véhicules à propulsion solaire.
Partie de Darwin dimanche 19 octobre, Nuna II a franchi la ligne d’arrivée à Adélaïde
mercredi 22 octobre en un temps record de 31 heures 5 minutes, battant le
précédent record de 32 heures 39 minutes établi en 2001 par son
prédécesseur néerlandais Nuna I.
Nuna II, qualifiée de " Hollandais volant " par la presse australienne, a
bouclé le circuit à la vitesse moyenne de 96,8 km/h, contre 91,8 km/h pour
Nuna I. Malgré deux crevaisons, le véhicule a parcouru 830 km le troisième
jour, ce qui constitue également une performance inédite sur 24 heures. Le
quatrième et dernier jour, Nuna s’est à nouveau distinguée en atteignant
une vitesse maximale de plus de 110 km/h, établissant ainsi un nouveau
record du monde.
La voiture Nuna II a mené la course de bout en bout. Avant même de quitter
L’aire de départ, elle figurait parmi les favoris en raison du fait
qu’elle utilise, comme son aînée Nuna I, des technologies spatiales issues
du Programme de transfert de technologie de l’ESA, lui permettant en
théorie d’atteindre une vitesse maximale supérieure à 170 km/h.
La coque extérieure, dont l’aérodynamisme a été optimisé, est constituée
de plastiques renforcés initialement conçus pour l’espace et qui lui
confèrent à la fois sa légèreté et sa robustesse. La structure principale
est en fibre de carbone renforcée dans sa partie supérieure et sur les
garde-boue par de l’aramide, plus connu sous la marque Twaron. Le Twaron
est un matériau utilisé dans les satellites pour les protéger des
micro-météorites et également, aujourd’hui, dans certains équipements très
performants comme les gilets pare-balles.
La coque de la voiture est recouverte de photopiles triple jonction à
l’arséniure de gallium, développées pour des satellites. Ces photopiles
emmagasinent 20% d’énergie en plus que celles utilisées sur Nuna I en
2001. Quelques semaines seulement avant la course, l’ESA avait utilisé ces
produits pour la première fois à l’occasion du lancement vers la Lune de
la mission de démonstration technologique SMART-1.
Nuna II est également munie de capteurs du point de puissance maximale,
lesquels sont de petits dispositifs garantissant une répartition optimale
d’énergie entre la batterie et les photopiles, même dans les zones d’ombre
et par temps nuageux. Bon nombre de satellites sont équipés de ces
capteurs. C’est notamment le cas de Rosetta, la sonde de l’ESA qui doit
être lancée en février 2004 à destination de la comète
Churyumov-Gerasimenko.
Nuna II a été construite par une équipe de 12 étudiants des universités de
Delft et de Rotterdam. Pour s’acquitter de leur tâche, ces étudiants se
sont appuyés sur un éventail impressionnant de partenaires. Ainsi, outre
un soutien technique par le biais de son Programme de transfert de
technologie, l’ESA a fourni une aide plus générale dans le cadre de son
Bureau Projets éducatifs, dirigé un temps par l’ancien astronaute européen
Wubbo Ockels. Ce dernier, intervenant en qualité de conseiller de l’équipe
Nuna II, avait déjà mené Nuna I à la victoire en 2001.
(source: communiqué de presse de l’Agence Spatiale Européenne)