Stress : les navettes aussi.

article de Olivier Sanguy
18 JUILLET 2002

Un agrandissement de 100 fois d’une des fissures détectées
Un agrandissement de 100 fois d’une des fissures détectées

NASA

La mission STS-107 (28eme vol de la navette spatiale Columbia) était visiblement destinée aux reports. Initialement prévue en janvier 2001, puis déplacée en avril 2002 et enfin en juillet 2002, la mission STS-107 devait être un vol d’études scientifiques de 16 jours doté d’un programme chargé (80 expériences en microgravité) et du premier astronaute de nationalité israélienne.

Ce vol est désormais reporté sans date précise, comme tous les autres vols prévus y compris ceux à destination de la Station Spatiale Internationale.

Sur Internet, le planning public des dates de tirs annonce d’ailleurs « TBD » (To Be Determined, soit « à déterminer »).

L’origine de ces annulations réside dans la présence de fissures découvertes récemment dans les conduites qui amènent l’hydrogène liquide aux trois moteurs principaux (SSME ou Space Shuttle Main Engine) de l’orbiter.

Ces fissures, extrêmement fines, ne menacent pas la solidité de la conduite selon la NASA.

La crainte principale est plutôt un accroissement de ces fissures qui pourrait provoquer l’envoi de particules du revêtement métallique des conduites dans les moteurs. L’arrivée de cet élément indésirable pourrait alors stopper la propulsion et présenter un danger majeur lors d’un lancement.

À l’heure actuelle, la NASA espère une reprise des vols durant le mois de septembre. En effet, les premières études sur les fissures montrent que leur présence n’est pas liée aux nombres d’heures de fonctionnement des moteurs. Des fissures similaires se trouvent même sur des éléments de tests datant du début du programme navette.

L’hypothèse la plus favorable serait que ces fissures proviennent d’un « stress » du matériau, une contrainte excessive lors de la fabrication ou de l’installation et dont la cause précise reste à déterminer. Les fissures provoquées alors n’auraient depuis pas ou peu évolué, démontrant ainsi la stabilité du phénomène.

Malgré ce premier diagnostic encourageant mais non définitif, la NASA affiche le principe de précaution dans toute sa rigueur. Sans doute n’oublie-t-elle pas l’épisode des fuites d’hydrogène en 1990. À cette époque, la détection de fuites entre l’orbiter et le réservoir externe, au niveau des valves de connexion, avait cloué les navettes au sol durant 6 mois.



Olivier SANGUY est rédacteur en chef d’ESPACE Magazine, le magazine de la conquête spatiale.

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