Météores en série au-dessus de l'Europe

article de Laurent Laveder
25 AVRIL 2002

Un énorme bolide illumine le ciel de la république Tchèque. En plus de 40 années d\'observation du ciel, les stations photographiques automatiques (c\'est l\'une d\'elles qui a pris cette photo) du European Network n\'ont observé que 10 météores rivalisant d\'éclat avec celui-ci ! Le météore qui a traversé le ciel de la Bavière le 6 avril 2002 affichait une magnitude de -18 !
Un énorme bolide illumine le ciel de la république Tchèque. En plus de 40 années d'observation du ciel, les stations photographiques automatiques (c'est l'une d'elles qui a pris cette photo) du European Network n'ont observé que 10 météores rivalisant d'éclat avec celui-ci ! Le météore qui a traversé le ciel de la Bavière le 6 avril 2002 affichait une magnitude de -18 !

P. Spurny (Institut Astronomique, observatoire Ondrejov)

La soirée du samedi 6 avril 2002 restera mémorable pour une bonne centaine de milliers de personnes, réparties principalement en Allemagne et Autriche, qui ont pu assister à la chute d'un gros météore. Une équipe d'amateurs de météorites vient de faire une étonnante découverte : ce rocher a la même orbite qu'un autre météore tombé le 7 avril… 1959 !

La soirée est superbe ce 6 avril 2002 au-dessus de la Bavière. A 22h20, deux flashes lumineux illuminent le ciel. Ce n'est que plusieurs minutes plus tard que 5 déflagrations font trembler tympans et vitres !

Le phénomène lumineux et sonore est observé de l'Autriche à la Bavière. Il s'avère rapidement que l'événement a pour origine un gros météore dont les manifestations lumineuses ont été rapportées par des témoins en France, Suisse et Tchéquie.

Deux heures plus tard, à 0h28, c'est la côte de la Mer du Nord, entre la Belgique et les Pays-Bas, qui se trouve confrontée au même phénomène. Enfin, à 4h35, le ciel d'Ecosse est à son tour déchiré par un autre brillant météore. Trois gros météores en quelques heures, ce n'est peut-être qu'une coïncidence.

La zone concernée par le supposé météore est couverte de stations d'observations systématiques du ciel. Ces dispositifs photographiques ont été installés par l'European Network, une association qui étudie les météores.

La chute du 6 avril fut largement enregistrée. En tout et pour tout, 7 stations (en Allemagne, Autriche et Tchéquie) ont photographié le phénomène, 3 stations radio (en Tchéquie) l'ont observé ainsi que 2 stations infrason (en Allemagne et au Pays-Bas).

Les effets de la chute furent d'une telle ampleur que des sismographes allemands, suisses et autrichiens l'ont enregistré, non pas à cause de son possible impact au sol, mais grâce aux ondes sonores engendrées par son entrée dans l'atmosphère.

Les stations photographiques ont apporté de très précieuses informations. Les membres du European Network ont pu reconstituer la trajectoire du bolide, non seulement dans l'atmosphère de la Terre, mais aussi dans l'espace. Ainsi, le corps céleste (très probablement une chondrite, c'est-à-dire une météorite pierreuse) provient de la ceinture d'astéroïdes. Mais avant tout, il s'avère que ses éléments orbitaux calculés sont très proches de ceux d'un autre gros météore tombé en Tchéquie le 7 avril 1959 !

Les chiffres sont si proches que les spécialistes estiment qu'il ne peut s'agir d'une coïncidence. Cela laisserait aussi à penser que les deux autres météores tombés quelques heures après celui observé en Bavière auraient la même origine. Mais cela n'est que pure conjecture, puisque aucune observation précise ne permet de reconstituer l'orbite des deux derniers météorites.

L'hypothèse des courants astéroïdaux relancée

Ainsi donc, nous serions pour la première fois face à un seul et même corps céleste fragmenté dans un lointain passé, dont les fragments se seraient dispersés le long de son orbite. Les bolides de 1959 et 2002 s'avèrent avoir occupés une position qui les mettait à l'opposé l'un de l'autre sur leur orbite commune. Ces deux objets seraient donc la preuve de l'existence de courants astéroïdaux – des orbites elliptiques sur lesquels circuleraient de nombreux petits corps en ordre dispersé. L'hypothèse de l'existence de tels courant avait été avancée suite à l'analyse chimique de deux météores tombés au Niger (en 1991) et en Pologne (en 1994) qui avait démontré qu'ils avaient exactement la même composition. Mais l'absence de témoignages relatant leur chute avait empêché toute reconstitution de leur orbite.

Cependant, même si cela ne constitue qu'un solide faisceau d'indices, ce n'est en rien une preuve définitive aux yeux des scientifiques qui ont besoin d'éléments à charge encore plus sûrs. Quoi qu'il en soit, il est clair que l'on peut prendre au sérieux la théorie des courants astéroïdaux, et donc, mener des études plus approfondies.

Cet article est tiré d'un excellent compte-rendu disponible sur meteorite.be.

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