NASA : le SAV laisse à désirer

article de Didier Jamet
9 AVRIL 2002

La sonde Voyager 1. Non content d’être d’une endurance exceptionnelle, elle ne jette rien. Les engins spatiaux, c’est comme les voitures et les grands bordeaux : les meilleurs ont été conçus dans les années 60/70…
La sonde Voyager 1. Non content d’être d’une endurance exceptionnelle, elle ne jette rien. Les engins spatiaux, c’est comme les voitures et les grands bordeaux : les meilleurs ont été conçus dans les années 60/70…

JPL/NASA

Combien de temps avez-vous été privé de voiture la dernière fois qu’elle est tombée en panne ? 24, 48 heures, une semaine ? Estimez-vous heureux. Voyager 1, qui fait figure de sonde spatiale de collection avec ses 25 ans d’age, a dû attendre 9 jours pour subir une menue réparation. Un détail tout de même : le garage le plus proche se trouvait à 12,5 milliards de kilomètres…

Ce délai, qui sur Terre pourrait paraître désespérément long, est bien entendu une véritable prouesse dans l’espace, surtout à une telle distance. En fait, la réparation aurait même pu ne prendre qu’une douzaine d’heures (le temps que les ondes radio parcourent à la vitesse de la lumière la distance séparant la Terre de Voyager…) si les techniciens du JPL ne s’étaient pas entourés d’un luxe de précautions.

Atelier de campagne

Chacune des deux sondes Voyagers emporte en effet un véritable magasin de pièces détachées. Elles furent dès le début conçues sur le principe de la redondance, qui veut que tout dispositif vital au bon fonctionnement de la sonde soit systématiquement doublé voire triplé, ramenant à peu près à zéro la probabilité d’une défaillance simultanée.

En l’occurrence, le système incriminé était le contrôleur d’attitude de la sonde qui, en se repérant au Soleil et aux étoiles, lui permet de savoir où elle se trouve. Il assure de plus le pointage des antennes de communication vers la Terre, condition indispensable à la réception des instructions et à la retransmission des données qu’elle continue inlassablement de collecter.

Depuis quelques mois, le dispositif montrait des signes de faiblesse : il était temps de penser à le remplacer. Seul problème : la dernière révision de ce système remontait à… 1980. La plupart des techniciens qui y avaient alors procédé sont aujourd’hui à la retraite, et les rescapés du programme ne sont plus que 14 aujourd’hui, contre 300 dans les années 80.

Les vieux métiers disparus de la NASA…

Il a donc fallu redoubler de précautions, retrouver les concepteurs du système et tout répéter pas à pas avant de procéder au basculement vers le système de secours. Un seul faux-pas, et la sonde, désorientée, aurait irrémédiablement basculé dans la nuit éternelle du " mode de sauvegarde ", sans espoir de retour.

Après 9 jours de test minutieux, la procédure de basculement a pu être mise en œuvre, et le système de secours, comme neuf après 25 ans d’inactivité, a parfaitement pris le relais. La seule surprise, bonne heureusement, a été son verrouillage automatique sur le Soleil comme s’il avait fait ça toute sa vie, ce qui a permis de simplifier la phase finale de mise en service.

Ça peut toujours servir

Grâce à ce remplacement préventif, le système défectueux a pu être à son tour mis en réserve avant d’être complètement hors service, et pourra encore venir épauler son successeur le cas échéant.

Voyager 1 est donc reparti pour un tour d’au moins vingt ans, avec en ligne de mire la perspective de nous en révéler un peu plus sur l’héliopause, la dernière frontière du système solaire qui marque la limite de l’influence de notre étoile. Comme dit le proverbe, c’est avec les vieilles sondes que l’on fait la meilleure science…

Dans notre dictionnaire de l'astronomie...

"La nuit étoilée à Saint-Remy", de Van Gogh.<br>Pour voir l'Univers tel qu'il est, il faut soit la rigueur du scientifique, soit la sensibilité de l'artiste.Tout le reste n'est qu'illusion...
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