article de Laurent Laveder
5 MARS 2002
La comète surprise de 2002 tient ses promesses. Son éclat approche actuellement de la magnitude 5. Elle est donc d’ores et déjà visible à l’œil nu dans la constellation des Poissons. A observer absolument !
Les comètes sont réputées capricieuses. Ces stars chevelues prennent malin plaisir à nier les prévisions qui ont la prétention de dicter leur comportement. Mais ces astres entendent bien se faire leur place au Soleil. On ne saurait leur en tenir rigueur, car certaines d’entre elles n’y remettront plus jamais les pieds. Ce n’est pas le cas de la comète Ikeya-Zhang qui sera de retour dans 438 ans et, pour ne pas nous décevoir et risquer d’être boudée par nos descendants lors du prochain passage (vers l’an 2440), respecte son calendrier. On l’attendait à la magnitude 5 et c’est à peu près son éclat actuellement.
Pour bien la voir
Comme prévu, son observation est délicate, du fait de sa proximité avec le Soleil. Elle doit être recherchée dès que la nuit est suffisamment noire, soit environ 1 heure après le coucher du Soleil pour la latitude moyenne de la France métropolitaine. Aux jumelles, le meilleur instrument pour la repérer facilement, vous la chercherez à une quinzaine de degrés sous la planète Mars, à 4 degrés à gauche de l’étoile Epsilon Piscium. L’idéal étant toujours de l’observer loin de toute source de pollution lumineuse, plus particulièrement en direction de l’horizon ouest. Dans de telles conditions, il vous sera même possible de la voir à l’œil nu, sous un aspect quasiment stellaire.
Aspect globulaire
En effet, sa coma (le halo lumineux qui entoure et masque son noyau) est particulièrement dense. Aux jumelles, elle ressemble à un petit amas globulaire. Une inspection attentive révélera par ailleurs une fine queue de 1 à 2 degrés de long. Mais prenez garde, car les comètes changent rapidement d’humeur et ces caractéristiques pourraient fort bien être toutes autres d’ici quelques jours.
Au cours du mois de février, les prévisions ont été ajustées à mesure que les observations se faisaient nombreuses. Deux choses ont été mises en évidence. La première, c’est que cette comète n’en est pas à son premier passage. Son orbite est très semblable à une paire de comètes qui ont été observées sur Terre en 1532 et 1661. Le 25 février 2002, Brian Marsden, éminent spécialiste des comètes, a confirmé qu’il s’agit très certainement de la comète de 1661.
La Star a des gaz
La seconde caractéristique mise en évidence est sa richesse en gaz par rapport à la quantité de poussière dégagée. Les comètes de ce type voient généralement leur éclat croître plus rapidement à leur approche du Soleil que les comètes plus riches en poussière. Ainsi, les dernières prévisions annoncent une magnitude maximale de 3,4 à la fin mars 2002. Mais rappelons que la Lune en Premier Quartier gênera quelque peu les observations.
Queue bleue
Dès à présent, la faible quantité de poussières émise par la comète est trahie par la couleur bleutée de sa queue. Hélas, les appendices bleutés sont plus difficiles à observer que les queues de poussière de teinte blanchâtre. Cependant, des observations menées à travers un télescope témoignent de la présence de détails dans la queue : des jets qui partent directement du noyau. Ces structures sont très changeantes d’un jour à l’autre.
Ikeya-Zhang, au contraire de bien des comètes de mauvaise volonté qui ont déçu les observateurs dans le passé (par exemple la fameuse et décevante comète de Halley en 1986…), tient donc tout à fait les promesses que nous ont fait les astronomes, impresarios officiels de la Star chevelue. Nous ne pouvons donc que vous encourager à l’observer, car ce n’est pas tous les ans qu’une comète s’engage à être visible à l’œil nu. Les Stars se font généralement plus discrètes !
Quelques liens :
- Pour la position dans le ciel de la comète en temps réel pour Paris : www.heavens-above.com
- Les coordonnées précises de la comète jusqu’en avril 2003
- Les éléments orbitaux pour la plupart des logiciels d’astronomie
- N’oubliez pas la conjonction Ikeya-Zhang/M 31 le 5 avril 2002.
