article de Didier Jamet
27 FEVRIER 2002
Ce soir, c’est la pleine Lune. Certes, n’importe quel calendrier des Postes aurait pu vous fournir l’information sans que vous ayez besoin de vous connecter à Internet pour cela. Mais il se trouve que cette pleine Lune là est un peu particulière : c’est la plus brillante de l’année.
" Toutes les pleines Lunes ne se ressemblent pas " confirme Georges Lebo, Professeur d’astronomie. " Il arrive que la pollution, où des cendres volcaniques projetées à haute altitude, la parente de couleurs inhabituelles. D’autres fois, ce sont les cristaux de glace des fins nuages de haute altitude qui lui tressent une couronne de lumière. Celle de ce soir a encore une autre particularité : elle sera plus proche de la Terre que d’habitude "
" L’orbite de la Lune autour de la Terre n’est pas un cercle parfait " poursuit-il, " c’est une ellipse ". Lorsqu’elle se trouve sur un côté de l’ellipse appelé apogée, la Lune est à 406 356 kilomètres de la Terre, et lorsque se trouve sur une autre portion, le périgée, elle n’est plus qu’à 356 928 kilomètres. Presque exactement 50 000 kilomètres de différence, près de 15 fois son diamètre, ce n’est pas rien !
La pleine Lune de ce soir présente la particularité de se produire justement le même jour que le périgée mensuel. En conséquence, la Lune sera 9 % plus grande qu’à sa distance moyenne, et surtout 20 % plus brillante.
Cet excès de luminosité n’est pas uniquement dû à la proximité de la Lune. Il n’aura échappé à personne que dans l’hémisphère nord nous sommes en hiver, période où la Terre passe elle même au périhélie : le point de l’orbite terrestre le plus proche du Soleil. C’est donc la combinaison des deux facteurs, proximité au Soleil et proximité de la Lune, qui nous offre ce brillant spectacle.
Attention, cela n’a rien à voir avec l’illusion de perception qui nous fait croire la Lune plus grande lorsqu’elle est basse sur l’horizon, du fait des comparaisons instinctives que notre cerveau établit avec les contours du paysage. Cette semaine, la Lune sera réellement plus grande.
Cet été en revanche, la pleine Lune d’août sera la plus petite et la moins brillante de l’année, car la Terre sera non loin du périhélie, et la lune à l’apogée.
Mais au fait, auriez-vous pu vous en rendre compte " à l’œil " ?
" L’œil humain peut aisément distinguer une différence de brillance de l’ordre de 20 à 30 % entre deux sources lumineuses similaires " nous renseigne l’ophtalmologiste Stuart Hiroyasu. En théorie, on peut donc en déduire qu’un observateur moyen pourrait aisément distinguer une lune de périgée d’une Lune d’apogée. Mais pour cela, il faudrait en fait qu’il puisse observer les deux Lunes simultanément et côte à côte… Ce qui est bien sûr impossible.
Une seule façon d’en avoir le cœur net : observez la Lune ce soir, et recommencez le mois prochain !
Cet article est une traduction-adaptation de la chronique scientifique grand public du centre spatial Marshall de la Nasa. Son auteur original est le Docteur Tony Phillips, et le texte intégral en Anglais peut être lu ici