Océan sous Encelade (bis)

question posée le 29-08-2011 par Juniper

Bonjour,

Merci pour votre humour pour répondre à certaines questions récurrentes et totalement dénuées de rationalisme ...

J'avais posé une question sur l'océan hypothétique sous la glace d'encelade ... je ne souhaite pas vraiment être publié sauf si c'est le seul moyen de me répondre...

Je voulais juste rebondir sur votre réponse car je suis beaucoup les médias, sur internet, info tv, presse ... oui on en a parlé dans les médias, mais c'était très succinct ...

Je me souviens avoir posé cette question car ils ont écrit texto qu'ils avaient "confirmation" de l'existence de cet océan ... pour moi ça veut dire qu'il n'y a aucun doute, une certitude absolue ... donc ça serait la découverte la +importante (selon moi) ... l'eau liquide dans un autre monde ... et donc très probablement de la vie ...

Dans mon "pourquoi", je voulais en fait surtout mettre en évidence le fait qu'on annonce des découvertes en grande pompe pour finalement rien.

Est-ce pour susciter l'intérêt, montrer que cette exploration n'est pas inutile et donc qu'il faut continuer à lever des fonds? Comme avec l'annonce de la NASA lorsqu'ils nous ont ressorti du placard une bactérie ayant incorporé l'arsenic à son ADN (déjà connue) en annonçant une découverte importante sur la vie extraterrestre ... on savait déjà que des organismes extrémophiles existaient mais ça aurait fait moins d'effet d'annoncer qu'ils n'avaient découvert qu'un aspect de + sur ces organismes ,j'ai beaucoup entendu/lu que c'était dans le but d'obtenir des financements et je ne suis que peu étonné qu'on use de ce stratagème dans ce sens, juste un peu dégoûté, on pense que ces gens sont honnêtes avec nous et nous apporteront que des vérités... mais on oublie qu'ils sont humains et corruptibles...

Voilà, donc, partagez vous ce sentiment de duperie pour le déblocage des investissements?

réponse du 30-08-2011 par Fabrice Mottez

Ce n'est pas exactement une duperie, car il y a réellement des avancées sur la question. Mais il faut effectivement lever des fonds, et certains "enjolivements" sont nécessaires.

Dans le système américain, chacune des grandes opérations scientifiques doit être votée par le parlement américain. Or les représentants et les sénateurs sont très rarement des scientifiques et ils n'ont pas souvent les connaissances (ni le temps de les acquérir) leur permettant de comprendre les enjeux profonds de telle ou telle mission. Alors, pour les convaincre de voter les crédits pour tel ou tel grand projet scientifique, on fait une présentation "simplifiée", en promettant des découvertes spectaculaires, justifiées par les découvertes non moins spectaculaires que l'on a faites avec la mission financée juste avant.

Mais la science avance rarement par des bonds spectaculaires (cela arrive, mais c'est rare). Le plus souvent, elle avance comme une enquête policière, avec une accumulation d'indices que l'on confronte au cours de (plusieurs) procès pour tenter de dévoiler des pans de la vérité qui les sous-tend. Cela est le vrai travail des scientifiques : accumuler des preuves, et faire des bilans très techniques pour les confronter les unes aux autres... mais cela n'excite pas les électeurs ni les membres du congrès.

Alors, pour les inciter à voter, les grandes agences scientifiques américaines font passer la découverte de nouveaux indices comme de grandes preuves qui révèlent la vérité pour la première fois... une vérité en fait déjà suggérée par d'autres indices établis parfois depuis des décennies.

En France, et en Europe, ce genre d'effet d'annonce a moins d'importance, car les décisions de financement des grands projets scientifiques sont confiées à des comités composés en grande partie de scientifiques. Il n'est donc pas nécessaire d'enjoliver la découverte de nouveaux indices en les transformant en preuves décisives, car les décisions sont prises par des gens "à qui on ne la fait pas".

Du moins cela n'était pas nécessaire. Les choses vont peut-être changer, car en science comme en économie et en finance, la mode chez les hommes politiques est de vouloir copier ce qui se fait outre-Atlantique.

Depuis peu d'années, par exemple, on demande aux chercheurs de rendre des rapports de leur activité qui soient courts, en éludant les points techniques rébarbatifs, et en mettant en avant un ou deux "faits marquants". Avec un tel système d'évaluation, il est clair que nous aurons également intérêt, comme nos collègues américains, à "simplifier" notre bilan, et donc à déguiser un peu ce qui est vraiment le coeur de notre activité.

La vérité n'est pas un spectacle, et il est clair qu'on nous demande de plus en plus de la présenter ainsi. Après tout, c'est déjà ce que font les publicitaires, en nous distrayant avec des produits de la vie quotidienne (comme des lessives ou des berlines) qui n'ont rien d'amusant en soi, malgré leur grande utilité.

Avec les sciences, la mode est de plus en plus de faire pareil. Et les grands instituts se sont dotés de services de communication qui ressemblent de plus en plus à ceux des grandes entreprises commerciales. Ces services font de la communication vers le grand public et la presse, certes, mais une partie de plus en plus grande de leur travail vise la communication "institutionnelle" destinée aux organismes susceptibles de fournir des financements... à l'américaine.

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