article de Didier Jamet
18 NOVEMBRE 2001
Les chercheurs viennent de retrouver dans les données d’un satellite désactivé en 1998, ISO, un véritable trésor scientifique : une trentaine de naines brunes, ce chaînon manquant entre planètes et étoiles qui défia les astronomes pendant plus de trente ans.
Les naines brunes sont généralement considérées comme des " étoiles ratées ", trop petites pour entretenir en leur cœur les réactions de fusion thermonucléaire qui font briller les " étoiles réussies " telles que le Soleil.
Les astrophysiciens soupçonnaient leur existence depuis longtemps : entre les plus grosses planètes et les plus petites étoiles, il devait exister une classe particulière d’objets, essentiellement constitués d’hydrogène comme les étoiles, mais trop peu massifs pour en entretenir durablement la fusion.
La première n’a été découverte qu’en 1988 par David Latham, du centre d’astrophysique du Harvard Smithsonian, et confirmée par Michel Mayor, de l’observatoire de Genève (lequel allait découvrir 7 ans plus tard la première exoplanète). Depuis, d’autres naines brunes ont été détectées, certaines même photographiées. Mais c’est la première fois qu’on découvre un si riche échantillon dans une même région.
Pour Sylvain Bontemps, de l’observatoire de Bordeaux, ISO lègue aux chercheurs une formidable réserve de chasse, où ils pourront, grâce aux futures générations de télescopes, analyser en détail la lumière de ces astres faibles, et préciser leur nature véritable. De nombreux astronomes pensent en effet que certaines de ces naines brunes, les plus petites, mériteraient en fait d’être considérées comme des planètes à part entière. Seule l’analyse fine de leur composition permettrait de trancher la question, ce qui sera bientôt possible avec la mise en service des télescopes géants de la classe des 10 mètres.
Source : Agence Spatiale Européenne.
Chercheurs : Lennardt Nordh, observatoire de Stockholm, Sylvain Bontemps, observatoire de Bordeaux.