article de Didier Jamet
17 NOVEMBRE 2001
Une sur 5000. C’est la nouvelle estimation de la " chance " que la Terre a de rencontrer un astéroïde de taille supérieure au kilomètre dans le siècle qui vient. Trois fois moins que ce que laissaient craindre de précedents travaux. Mais comme le reconnaît le principal auteur de l’étude, la statistique est une science assez inexacte lorsqu’elle est appliquée à des évènements aussi rares…
C’est grâce au plus grand programme de cartographie spatiale jamais lancé que cette nouvelle estimation a été obtenue. Dans 5 ans, Le Sloan Digital Sky Survey aura littéralement scanné le quart du ciel, donnant la position et la luminosité absolue de plus de 100 millions d’objets célestes en tout genre, jusqu’à la magnitude 23 (approximativement l’éclat d’un ver luisant vu à 4 kilomètres).
Parmi ces objets, il y a donc les astéroïdes, surnommés jadis la " vermine du ciel " par les astronomes, lorsque leur trajectoire rapide venait rayer les plaques photographiques longuement exposées. Ils sont loin de constituer la cible principale du programme, mais, du fait de la sensibilité de ses capteurs digitaux, SDSS s’avère particulierement doué pour préciser leurs caractéristiques. Il fournit en effet des indications précises sur leur couleur. Sombres, ce sont des astéroïdes carbonés, plus clair, ils sont rocheux. Ces indications, rapportées à leur luminosité absolue, permet d’obtenir une évaluation fiable de la taille des astéroïdes observés.
C’est après avoir passé en revue plus de 10 000 de ces objets que les chercheurs de l’Université de Princeton ont pu estimer à 700 000 la population d’astéroïdes de la ceinture principale dépassant le kilomètre. À partir de cette taille, les astéroïdes sont considérés comme des " tueurs " en puissance, leur collision avec la terre pouvant s’avérer catastophique, voire fatale pour l’humanité selon la composition de l’objet.
Reste que le calcul de probabilité pour ce genre d’événement est très hasardeux, faute d’un échantillon statistique représentatif. Jusqu’à présent, seuls les impacts d’objets dépassant la dizaine de kilomètres ont laissé des traces dans l’environnement sur plusieurs centaines de millions d’années. Le dernier remonte à 65 millions d’années, et a vraisemblablement eu raison des dinosaures. On observe donc qu’un tel événement se produit, en moyenne, une fois tous les 100 millions d’années.
Pour déterminer les probabilités d’impact d’un objet de l’ordre du kilomètre, l’idée était de déterminer leur nombre, puis de le comparer à celui des objets de plus de 10 kilomètres. Mais on voit vite les limites de la méthode, qui néglige quantité d’autres paramètres. On peut par exemple remarquer que les plus petits astéroïdes sont en fait le produit de collisions entre astéroïdes massifs, et ont donc en fait une plus grande probabilité de s’insérer dans une trajectoire de collision avec la Terre.
Que nous dit finalement cette étude ? Que la probabilité d’un tel événement, même revue à la baisse, n’est pas nulle. Et qu’il faudra donc un jour se décider à la prendre en compte dans les plans de sécurité civile, si l’espèce humaine ne veut pas rejoindre les dinosaures dans la liste des espèces disparues.
Source: Université de Princeton
Chercheurs: Zeljko Ivezic, Tom Quinn
