Sur un tapis d’aurores

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
9 JUILLET 2002

L’équipage de la navette spatiale Discovery prit cette image d’aurores australes depuis l’orbite terrestre en 1991
L’équipage de la navette spatiale Discovery prit cette image d’aurores australes depuis l’orbite terrestre en 1991

NASA Equipage STS-39

Quelques astronautes n’oublieront jamais ce jour où ils volèrent au beau milieu d’un nuage d’aurores.

L’astronaute Dan Burbank flottait en apesanteur dans les quartiers de la navette spatiale réservés à l’équipage, quand il entendit une clameur en provenance du poste de pilotage. Quelle pouvait bien être la cause de cette agitation ?

Il arriva sur place en quelques instants. Les lumières avaient été éteintes, et le reste de l’équipage se massait autour des hublots. Burbank se mit alors à jouer des coudes et regarda à l’extérieur.

Ce qu’il vit, il ne l’oubliera jamais : dehors, une tempête géomagnétique faisait rage, et la navette volait au milieu d’une nuée d’aurores multicolores. « C’était au-delà de toute description » résume Burbank.

La date était le 18 septembre 2000. Burbank était une des sept personnes qui ce jour-là tournaient autour de la Terre à bord de la navette spatiale Atlantis (STS – 106). Ils effectuaient une mission de 12 jours afin de préparer la station spatiale internationale à recevoir son premier équipage. Burbank et les autres mirent les installations sous tension, installèrent les toilettes, et livrèrent 2993 kilos de ravitaillement. Il y avait beaucoup à faire, et personne n’avait vraiment le temps d’admirer le paysage.

Mais en l’occurrence tout le monde s’arrêta : de brillants rubans de lumière orange, jaune et verte dansaient en dessous et autour de la navette. Au-dessus, le ciel était rouge. Tandis que Burbank assistait au spectacle, « des taches brillantes apparaissaient soudainement avant de disparaître de la même façon. »

Le Cosmonaute Youri Malenchenko, spécialiste sur la mission STS–106, comptait déjà plus de 137 jours dans l’espace – essentiellement en tant que commandant de la station spatiale Russe Mir. Bien qu’il ait à peu près tout vu, cette fois encore il fut émerveillé. « Youri disait qu’il n’avait jamais rien vu de tel » se souvient Burbank.

Quelques jours avant la tempête, une boucle magnétique géante s’élevant au-dessus de la surface du Soleil avait éclaté. L’explosion qui s’ensuivit précipita vers la Terre une éjection de matière coronale (ou CME, pour Coronal Mass Ejection en anglais). Les CME sont des nuages de gaz magnétique surchauffé. Celle-ci fonça vers notre planète à une vitesse de 1000 kilomètres par seconde (trois millions six cent mille kilomètres par heure), emportant près de 10 milliards de tonnes de matière solaire.

Quand la CME frappa, les aurores commencèrent

L’équipage ne courrait aucun danger. Ils se trouvaient profondément enfouis à l’intérieur de la magnétosphère – une bulle magnétique d’environ 200 000 kilomètres de diamètre qui entoure notre planète et nous protège des tempêtes solaires. Le nuage frappa la magnétosphère, pas les astronautes.

Suite de l'article: Le poids des CME, le choc des photons

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