article de Didier Jamet
26 JANVIER 2006
Une équipe scientifique internationale emmenée par le français Jean Philippe Beaulieu (Institut d’Astrophysique de Paris) vient d’annoncer la découverte d’une exoplanète dont la masse pourrait ne pas excéder 5 fois celle de la Terre. Il s’agirait donc de la première planète rocheuse détectée autour d’un autre soleil que le nôtre.
Cette planète, pour l’instant désignée sous la référence OGLE-2005-BLG-390Lb, se trouverait à une distance de 20 000 années-lumière, dans la direction du centre galactique (constellation du Sagittaire). Elle mettrait une dizaine d’années à tourner autour de son étoile, une naine rouge, le type d’étoile le plus répandu dans notre galaxie.
Avec une masse comprise entre cinq à dix fois celle de la Terre, cette planète est la première dont on peut raisonnablement estimer que sa surface est constituée de roches et de glaces. Relativement éloignée de son petit soleil (5 fois moins grand que le nôtre), il doit régner à sa surface une température glaciale de l’ordre de - 220° centigrades, comme sur Pluton.
Située à une distance fantastique de nous (la plus rapide de nos sondes spatiales ne pourrait pas l’atteindre avant 600 millions d’années !), cette planète n’a pas été observée directement. C’est la façon particulière dont elle dévie le rayonnement d’une étoile située en arrière plan (effet de lentille gravitationnelle) qui a permis sa détection. Les effets de lentille gravitationnelle se produisent lorsqu’un objet massif s’intercale entre l’observateur et une source lumineuse lointaine en arrière plan. L’observateur voit soudain la luminosité de la source lointaine augmenter sensiblement, les rayons lumineux se trouvant focalisés dans sa direction, courbés qu’ils sont par la masse située au premier plan.
La découverte de cette très lointaine planète vaut surtout pour l’argument statistique qu’elle apporte quant à l’existence de nombreuses planètes rocheuses ailleurs qu’autour de notre Soleil. Cette planète n’est en effet que la troisième découverte grâce à la technique de la lentille gravitationnelle. Sa faible masse rendant sa détection beaucoup moins probable que celle des géantes gazeuses, on peut donc en déduire que c’est un type d’astre très répandu dans notre Galaxie.