Archéologie assistée par satellite

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Patrick L. Barry
traduction de Didier Jamet
5 NOVEMBRE 2002

La Louisiane est parsemée d’anciens sites Amérindiens qui prennent la forme de monticules tels que celui-ci, situé dans le parc naturel de Marksville, et encore au-dessus des eaux.
La Louisiane est parsemée d’anciens sites Amérindiens qui prennent la forme de monticules tels que celui-ci, situé dans le parc naturel de Marksville, et encore au-dessus des eaux.

Parc Naturel de Marksville

Comment un satellite en orbite peut-il repérer une légère bosse du terrain au beau milieu d’un marécage ? En fait sa méthode est assez similaire à celle de notre pêcheur de crabes.

Non content de pêcher le crabe, Comardelle est aussi un archéologue amateur avisé. Il a même servi de guide aux scientifiques du projet, les emmenant dans le marais et assurant la visite.

Depuis la proue de son bateau, il est capable de déceler la présence d’un tumulus amérindien rien qu’en se fiant aux variations de la végétation : chênes, érables des marais, palmiers nains, micocouliers d’Amérique signalent immanquablement les points légèrement surélevés qui s’avèrent souvent être les vestiges d’anciens lieux habités.

«Parfois c’est juste un accident naturel du terrain, mais la plupart du temps c’est un site Indien » affirme Comardelle.

Les satellites savent eux aussi très bien détecter ces changements dans la végétation. La lumière réfléchie par un secteur donné du marais contient dans son spectre lumineux les « empreintes digitales » de la flore locale. Un bosquet de chênes aura une signature spectrale différente de celle d’un marais envahi par les roseaux ou d’un carré d’herbe.

Aussi en examinant le spectre de la lumière réfléchie, les satellites qui seront utilisés (Terra, EO-1 et Landsat 7) devraient permettre de cartographier la végétation du bayou, et ainsi identifier les sites archéologiques sous-jacents. Si cette méthode s’avère efficace dans le secteur test du bassin de Barataria, elle sera étendue à toute la zone d’emprise du projet Coast 2050 nous confirme Joan Exnicios, une archéologue travaillant pour le compte du génie.

« Cela permettra aux archéologues de repérer précisément les zones à inspecter sans avoir à se lancer dans une vaste opération de prospection systématique depuis le sol », confirme Dave Davis, archéologue à l’Université Tulane et consultant sur le projet Coast 2050.

La NASA collaborera également avec le Génie sur d’autres aspects du projet, comme la dérivation d’eau douce, la régénération des marais et les intrusions d’eau salée, mais les détails de cette coopération restent encore à préciser.

Considérés dans leur ensemble, ces efforts permettront de préserver l’habitat de milliers d’espèces et de rendre aux marais leur rôle de tampon entre les tempêtes du golfe et les villes de l’intérieur.

Ils contribueront également à sauver ce bayou où la culture Cajun plonge ses racines, et à préserver les lieux de mémoire des tout premiers habitants de cette terre, les Amérindiens.

Quelques liens pour aller plus loin (en anglais)

Direction des sciences de la Terre du centre spatial Stennis, qui gère l’implication de la NASA dans le projet Coast 2050

Le projet Coast 2050

animations montrant avec quelle rapidité les zones humides disparaissent.

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