Grands frissons sur petit écran

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
30 SEPTEMBRE 2002

La Navette Spatiale Atlantis (STS-110) décolle en avril 2002 lors d\'une précédente mission vers la Station Spatiale Internationale
La Navette Spatiale Atlantis (STS-110) décolle en avril 2002 lors d'une précédente mission vers la Station Spatiale Internationale

Nasa Spaceflight

Le 7 octobre 2002, si le temps le permet, la NASA a prévu de diffuser en direct et pour la toute première fois les images d’un lancement de la navette spatiale prises depuis le sommet du réservoir extérieur. C’est la navette Atlantis et la mission STS-112 qui auront les honneurs de cette grande première.

Première partie

J'adore le film Apollo 13. Dix fois au moins j'ai vu Jim Lovell piloter manuellement le module lunaire récalcitrant, avec la Terre roulant d'un bord sur l'autre dans le hublot - et je ne m'en lasse pas.

Depuis l'explosion du réservoir à oxygène ("Houston, nous avons un problème...") jusqu’à l’insoutenable suspense de la rentrée atmosphérique, en passant par la crise du Co2, la tension ne s’arrête jamais.

Mais pour moi le meilleur moment d’Apollo 13, la scène la plus sensationnelle, n’a rien à voir avec l’accident. Le meilleur moment, c’est le lancement.

Quand la Saturn V de Lovell s’arrache du pas de tir – 3 millions de kilos de pure puissance s’élançant vers l’espace sur fond de voix célestes – ça me flanque la chair de poule. Ce plan de cinéma m’a révélé ce que les livres n’avaient jamais su me « donner » : la saturn V était effroyablement puissante. En la voyant décoller, on prenait conscience du fait que le départ pour l’espace n’avait rien d’une simple formalité.

Je me souviens qu’une fois, en regardant cette scène, je me suis demandé si un lancement de navette spatiale « routinier » pouvait être quelque chose d’aussi sensationnel, pour peu qu’on dispose d’un point de vue adéquat.

Le 2 octobre 2002, nous aurons l’opportunité de le découvrir.

Ce jour là, la navette spatiale Atlantis (mission STS-112) doit quitter Cap Canaveral afin de rendre visite à la Station Spatiale Internationale. Pour la toute première fois, une caméra fixée à la navette enregistrera et retransmettra en direct des images sur la chaîne de la NASA. Le point de vue sera similaire à celui du lancement dans Apollo 13.

La Caméra sera installée près du sommet du réservoir extérieur (External Tank en anglais, d’où le surnom de « Caméra ET » que les gens de la NASA lui donnent) couleur orange-passé de la navette. Elle nous fournira une vue plongeante sur le nez d’Atlantis, son champ de 40 degrés couvrant l’essentiel du réservoir externe, un des propulseurs auxiliaires blancs à carburant solide (les fameux « boosters »), et la navette elle-même.

La caméra commencera le « tournage » environ un quart d’heure avant le décollage. Il ne devrait pas se passer grand chose durant cette période – considérez qu’il s’agit d’une pause dramatique…

Puis, à T moins 7 secondes, les contrôleurs au sol allumeront les moteurs principaux de la navette (en premier), puis les boosters. Les boosters sont toujours allumés les derniers car, une fois mis en route, on ne peut plus les arrêter.

8 verrous géants relient les boosters au sol. Dès que ces derniers seront allumés, (T=0 au cadran du compte à rebours), les verrous seront ouverts et Atlantis s’élèvera au-dessus du pas de tir. À ce moment précis, les deux boosters et les trois moteurs principaux de la navette fourniront plus de 3500 tonnes de poussée (produite à 29% par les moteurs de la navette, et à 71% par les boosters)– plus que la fusée Saturn V lunaire de Lovell.

Pendant ces premiers instants, la caméra verra des flammes intenses et beaucoup de fumée. Les nuages marrons-grisatres proviendront des boosters, le blanc sera de la vapeur d’eau. De l’eau est en effet constamment projetée sur toute la surface de l’aire de lancement, en partie pour prévenir d’éventuels départs d’incendies, mais également pour atténuer le bruit fracassant.

Cette eau liquide est transformée en vapeur sous l’effet de la chaleur dégagée par les moteurs et les boosters. Les moteurs eux-mêmes recrachent de l’eau, produit naturel de la combustion de l’hydrogène et de l’oxygène, ce qui ajoute encore un peu plus de vapeur.

Il faudra environ 7 secondes à la navette pour dépasser la rampe de lancement de 75 mètres et sa perche paratonnerre de 30 mètres. Durant ce court laps de temps, les propulseurs de la navette auront déjà consommé 680 tonnes de carburant. Difficile à croire ? Avec quoi pensez-vous que toute la fumée et les flammes que vous viendrez de voir auront été produites ?…

Suite de cet article : Roulez Jeunesse !
(lien-ci-dessous)

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