Vol plané au-dessus du volcan

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
4 AVRIL 2009

Un Boeing 747 de la KLM semblable à celui qui eut en 1989 des problèmes de propulsion suite à la traversée d\'un panache de cendres jailli du Mont Redoubt
Un Boeing 747 de la KLM semblable à celui qui eut en 1989 des problèmes de propulsion suite à la traversée d'un panache de cendres jailli du Mont Redoubt

Airlinepictures.net

Ce que racontent les habitants de l’Alaska et les astronautes est très révélateur sur les nuisances que peuvent représenter ce genre de poussière, mais les problèmes ont parfois été beaucoup plus sérieux. Charles Sloan, hydrogéologue retraité vivant à Anchorage, était déjà dans le secteur lors d’une précédente éruption du Mont Redoubt en 1989, et se souvient d’un événement particulièrement marquant ayant affecté un vol de la KLM:

« Le 15 décembre 1989, Un Boeing 747 avec 245 personnes à bord traversa par inadvertance le panache de cendres volcaniques du Mont Redoubt alors qu’il se trouvait en approche d’Anchorage. Les réacteurs de l’avion ingérèrent de grandes quantités de cendres et cessèrent bientôt de fonctionner. Tout le monde à bord du vol KLM 867 retint son souffle pendant que l’équipage tentait en vain de rallumer les moteurs. »

Finalement, au bout de 5 longues minutes d’essais infructueux et après que l’avion ait perdu près de 4 kilomètres d’altitude, flirtant dangereusement avec les sommets des montagnes de Talkeetna, les moteurs repartirent et l’avion put se poser à Anchorage sans encombre. Après 80 millions de dollars de l’époque de frais de réparation (il fallut changer les 4 réacteurs), cet avion est toujours en service.

« C’était le troisième incident de ce type en l’espace de 5 ans » précise Tom Miller, ancien directeur et à présent professeur émérite de l’Observatoire vulcanologique d’Alaska à Anchorage.

En 1972, les astronautes Gene Cernan et Jack Schmitt firent leur propre expérience des problèmes posés aux moyens de transport par ce genre de poussières lorsque leur jeep lunaire perdit un de ses garde-boues.

Ça n’avait pas l’air bien grave au premier abord en comparaison de la perte des moteurs d’un jumbo-jet, mais la jeep lunaire sans garde-boue eut tôt fait de développer un panache de poussière lunaire abrasive qui recouvrit la jeep et ses occupants. Fortement assombris par la poussière, les scaphandres ne tardèrent pas à se transformer en accumulateurs du féroce rayonnement solaire qui frappe la Lune, avec les astronautes surchauffant dangereusement à l’intérieur. Et en voulant essuyer la poussière qui se trouvait sur leurs visières, ils les rayèrent au point de leur faire perdre de leur transparence.

Pleins de ressources et aidés par les contrôleurs au sol, les astronautes improvisèrent un garde-boue de fortune avec de l’adhésif et des cartes plastifiées. Mais même avec 4 garde-boue opérationnels, Cernan devait dépoussiérer son véhicule à chaque arrêt. Se débarrasser de cette poussière restait une priorité.

Si elles sont capables de stopper les réacteurs d’un avion ou de faire cuire les astronautes à la coques, les cendres volcaniques ont d’autres fâcheuses propriétés que vous découvrirez dans la suite de cet article "L'abus de poussière lunaire est dangereux pour la santé" (Lien ci-dessous)

astronaute | avion | Boeing | carte | astronaute | avion | Boeing | carte