Distiller un peu d’eau

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Trudy E. Bell
traduction de Didier Jamet
10 AOUT 2002

Petit matin sur Mars
Petit matin sur Mars

Frassanito et Associés

Ce récit de science-fiction s’inspire de la nouvelle de Jack London, construire un feu, et s’appuie sur des connaissances scientifiques avérées. Il décrit les péripéties d’un astronaute cherchant désespérément quelque chose à boire à la surface de Mars.

Première partie

Le jour venait de se lever, froid et rougeâtre, extrêmement froid, et rougeâtre du fait de la poussière en suspension dans l’atmosphère martienne ténue, quand l’explorateur se mit à escalader la paroi interne du cratère. Elle était très escarpée, et même avec une gravité correspondant à 4/10eme de celle régnant sur Terre, la combinaison spatiale ne facilitait pas les choses. Pas étonnant qu’il ait glissé.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la silhouette engoncée s’emmêla les pieds, bascula et atterrit sur le dos. Ce n’était qu’une petite péripétie mais le mal était fait. Il l’avait clairement entendu : quelque chose s’était brisé.

Étalé dans sa combinaison, l’homme prit une prudente inspiration. Tout semblait aller correctement. Ce qu’il avait entendu était probablement deux rochers crissant l’un contre l’autre, pensa-t-il en se relevant péniblement.

Quelques instants plus tard il était parvenu au sommet. De là, il pouvait contempler les quartiers d’habitation des six membres de l’expédition Mars 2020, ainsi que l’usine expérimentale d’extraction d’eau. Les installations paraissaient bien fragiles au fond du vaste cratère.

À quelques centaines de kilomètres plus au nord, dissimulé par la rotondité prononcée de l’horizon martien tout proche, se trouvait une calotte polaire constituée de glace – gorgée d’eau poussiéreuse et glacée sur trois kilomètres d’épaisseur.

Mais l’explorateur, un hydrologue, ne pouvait pas s’aventurer au-delà de quelques collines proches pour y prélever des échantillons de sol. Il avait simplement pour mission de déterminer la richesse en eau de la région afin de voir si elle était compatible avec la présence éventuelle d’une colonie permanente à grande échelle.

Le commandant de l’expédition – un biologiste – l’avait prévenu : pas un seul scientifique ne doit s’aventurer tout seul au-delà du cratère. Le règlement imposait la présence d’un « copain ». Mais là, il n’était pas dans ses intentions d’aller bien loin, se justifia-t-il.

Il dévala le flanc extérieur du cratère en sautillant. Sur ses talons déambulait un robot tout-terrain qui lui arrivait à la taille – ils l’avaient baptisé « le Husky » - une authentique jeep des sables avec des roues faites d’un treillis métallique amortissant, chargée de plusieurs compartiments en titane scellés, un sac de fournitures, et ce qui ressemblait à un alambic miniature.

Arrivé un peu plus bas sur la pente, l’explorateur dérapa légèrement sur des graviers et souleva avec sa botte un petit nuage de poussière rougeâtre fine comme du talc qui resta suspendu quelques minutes dans l’air martien peu dense. Ça s’infiltrait partout. Il aurait certainement été plus agréable de se déplacer en roulant, pensa-t-il en débarrassant sa visière de la poussière qui s’y était collée. Mais en 2010, les ingénieurs de la NASA avaient estimé qu’il était possible de limiter le poids de cette précieuse expédition en concevant la plupart des robots de transport comme de sommaires mulets, suffisants pour le transport de l’équipement, mais pas de passagers. Aussi les sorties de courte distance s’effectuaient-elles à pied.

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