Rassemblement planétaire, le retour.

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
21 AVRIL 2004

Vénus surprise le 17 avril 2004 par l’astronome amateur Ron Wayman de Tampa, en Californie. Il utilise un télescope de 200 mm d’ouverture.
Vénus surprise le 17 avril 2004 par l’astronome amateur Ron Wayman de Tampa, en Californie. Il utilise un télescope de 200 mm d’ouverture.

Ron Wayman

Quatre planètes, six lunes, des montagnes lunaires baignées de lumière cendrée, les phases de Vénus, un cyclone plus grand qu’une planète, et les anneaux de Saturne : voici tout ce que vous pourrez observer cette semaine !

Ça recommence : A la tombée de la nuit, la Lune revient rendre visite aux planètes cette semaine.

Contrairement au mois dernier, où cinq planètes (dont Mercure) étaient visibles, cette fois nous n’en aurons que quatre : Vénus, Mars, Saturne et Jupiter. Mais c’est déjà pas si mal. D’autant que vous pourrez admirer le spectacle à l’œil nu, ou dans un petit télescope si vous en avez un.

Cela commencera le jeudi 22 avril (carte du ciel). Regardez vers l’ouest peu après le crépuscule. La première chose que vous remarquerez sera l’éclatante Vénus, et pas loin en-dessous, un fin croissant lunaire. Il se trouve qu’il s’agit des deux objets les plus brillants qui soient dans le ciel nocturne.

Mars est là également, bien qu’à peine plus brillante qu’une étoile ordinaire. Vous pourrez la trouver juste au-dessus et à gauche de Vénus, à un des sommets d’un triangle isocèle imaginaire qui aurait pour autres sommets la Lune et Vénus.

Si vous disposez d’un petit télescope, braquez-le vers Vénus, et là, surprise ! Vénus ressemble à la Lune ! Enfin, presque…

Du fait qu’elle se trouve entre nous et le Soleil, Vénus nous apparaît sous la forme de différentes phases, tout comme la Lune. A l’heure actuelle, Vénus se laisse voir sous la forme d’un croissant bien développé. Sa couleur est d’un blanc grisâtre, tout comme la Lune, mais contrairement à cette dernière, elle ne présente aucun détail caractéristique de sa surface. Ils nous sont cachés par d’épais nuages qui englobent toute la planète. Aucun télescope, aussi puissant soit-il, ne parvient à les percer.

En comparaison, le croissant lunaire est beaucoup plus captivant à observer à l’oculaire d’un télescope. Les rayons solaires qui tombent en oblique sur le relief lunaire y projettent les longues ombres des chaînes montagneuses. On distingue de nombreux cratères d’impact, de profondes vallées, d’étroites crevasses, le tout dans un relief accidenté.

Parviendrez-vous à distinguer la fantomatique lueur qui semble baigner la partie du terrain lunaire plongée dans l’obscurité ? Cette étrange lueur est restée un profond mystère pendant des milliers d’années, jusqu’à ce que Léonard de Vinci en découvre l’origine au XVIe siècle. Il s’agit en fait de la lumière du Soleil réfléchie par la partie éclairée de notre globe terrestre, qui se réverbère à son tout sur la partie obscure de la Lune. Nous l’appelons aujourd’hui lumière cendrée, et c’est un des plus délicats phénomènes célestes qu’il soit donné d’observer. Et sans télescope qui plus est.

Le 23 avril (carte du ciel), le trio change de configuration, la Lune dépassant Vénus pour se retrouver juste à côté de Mars. En utilisant la Lune comme balise de signalisation, ce sera clairement la meilleure nuit pour trouver simplement Mars, faible astre rouge situé tout à côté.

Vue au travers d’un télescope, Mars n’est pas très impressionnante à l’heure actuelle, contrairement à la forte impression qu’elle pouvait encore procurer au mois d’août dernier, alors qu’elle se trouvait à un plus près historique de la Terre.

Si vous voulez obtenir des images plus spectaculaires de Mars, il vous faut vous rendre sur le site des robots explorateurs martiens, Spirit et Opportunity.

Samedi 24 avril (carte du ciel), la Lune aura quitté Mars et se dirigera vers Saturne, laquelle brille d’un éclat jaunatre. Avec la Lune à côté, vous ne pourrez pas la manquer. Pointez votre télescope vers le Seigneur des Anneaux, vous y verrez ces derniers ainsi que la plus grosse Lune de Saturne, Titan.

La sonde commune Nasa – Esa Cassini Huygens est justement en route pour Saturne, autour de laquelle elle se mettra en orbite en juillet. Elle y restera quatre ans, étudiant les anneaux de Saturne, mais aussi son atmosphère et champ magnétique. Elle larguera également un module, Huygens, qui traversera les épais nuages oranges de Titan afin de découvrir ce qu’ils dissimulent.

Titan est un des mondes les plus mystérieux du système solaire. Il a une atmosphère essentiellement constituée d’azote et beaucoup plus dense que celle de la Terre. Ses nuages sont chargés de composés organiques (les briques du vivant ?), et certains chercheurs pensent que l’on pourrait y trouver des étendues d’hydrocarbures liquides, voire de véritables océans.

Vue dans un petit télescope, Titan apparaît sous la forme d’une étoile de 8e magnitude, soit une piqure d’aiguille tout à fait quelconque. Mais les apparences sont souvent trompeuses. Titan est un monde beaucoup plus fascinant qu’il n’en a l’air.

Finalement, jeudi 29 avril (carte du ciel), la Lune se retrouvera dans les parages de Jupiter. Vous aurez probablement déjà remarqué Jupiter lors des précédentes soirées. C’est ce point lumineux bien brillant qui se trouve presque au zénith au coucher du Soleil, et que Seul Vénus et la Lune dépassent en éclat.

Avec un petit télescope, vous y devinerez les bandes nuageuses couleur rouille qui ceinturent la planète et verrez très clairement les quatre lunes principales de Jupiter, à savoir Io, Europe, Callisto et Ganymède. Peut-être verrez-vous également la grande tache rouge, vaste formation dépressionnaire dans laquelle on pourrait engloutir deux planètes grandes comme la Terre, et qui persiste depuis au moins une centaine d’années. Elle se trouvera par exemple au milieu de Jupiter (vue depuis la Terre) le 30 avril à 04:12 Temps Universel

Récapitulons : Quatre planètes, six lunes, des montagnes lunaires baignées de lumière cendrée, les phases de Vénus, un cyclone grand comme deux fois la Terre, et les anneaux de Saturne : Voilà de quoi bien occuper vos soirées de fin avril !

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