article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
6 JANVIER 2004
C’est un atterrissage parfait qu’a réalisé le robot explorateur Spirit dans la nuit du 3 au 4 janvier 2004, au cœur du cratère Gusev, vaste " plat pays " où il pourra déambuler à sa guise. Et de surcroît, la poussière martienne tant redoutée ne sera pas un obstacle.
" Je tire mon chapeau aux équipes de navigation qui ont fourni un travail fantastique grâce auquel nous sommes arrivés exactement là où nous rêvions d’être " résume Steve Squyres de l’Université Cornell, responsable de la charge utile scientifique. " Nous avons tapé en plein dans le mille. Nous recherchions un endroit dont les roches auraient été dépoussiérées par les vents, et nous y sommes. "
La région autour du site d’atterrissage de Spirit est entièrement scarifiée par les traînées des " diables de poussière ", violentes tornades qui emportent la poussière et laissent la roche à nue. Cette dernière est alors beaucoup plus facile à pénétrer pour les instruments de recherche et d’analyse minéralogique.
Spirit est tombé dans le cratère Gusev au bout d’un parachute dans la nuit du 3 au 4 janvier 2004. Cette région a été choisie car on a de bonnes raisons de penser que le sol de ce cratère est en fait le lit d’un ancien lac. S’il y a bien eu un jour de l’eau liquide entre les parois du cratère, il se pourrait alors que le cratère Gusev ait un jour abrité la vie.
Pour le plus grand plaisir des chercheurs, les premières images retransmises par Spirit semblent confirmer cette hypothèse, car elles ressemblent en effet beaucoup aux lits d’anciens lacs aujourd’hui asséchés sur Terre. Le terrain est très plat et parsemé de petits rochers. A l’heure actuelle, personne ne sait encore si la ressemblance n’est que superficielle et trompeuse ou si elle va plus loin. Les outils géologiques de Spirit devront le déterminer.
" Nous pouvons observer une surface remarquablement dépourvue de gros rochers, du moins dans le voisinage immédiat, et c’est une bonne chose sans quoi nous n’aurions pu les franchir " confirme Sqyres. " De plus cette population rocheuse est très différente de tout ce que nous avons vu jusqu’ici sur Mars, et cela sert idéalement nos objectifs " . C’est un terrain idéal pour se promener.
Pour le moment, Spirit reste perché sur sa plateforme porteuse, et il devrait y passer les neuf prochains jours, se préparant pour sa première sortie sur la surface martienne. L’atterrisseur n’est incliné que de 2°, et le pont principal ne s’élève pas de plus de 37 cm au-dessus du sol. Sans gros rocher pour lui boucher le passage, Spirit devrait faire son bonhomme de chemin sans difficultés.
Les premières images ont soulevé l’enthousiasme des scientifiques car elles ouvrent à Spirit la perspective de pouvoir explorer une grande partie de la région. " C’est notre nouveau voisinage " confirme Squyres. Et durant les trois prochains mois, si tout va bien, Spirit va l’explorer de fond en comble, analysant roches et échantillons de sol à la recherche d’indices sur le grand mystère de l’eau martienne, et peut être de la vie.
Son jumeau, Opportunity, devrait arriver sur sa zone d’exploration sur le versant opposé de la planète le 25 janvier prochain, afin d’y mener une campagne d’exploration similaire.
