article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
27 JUIN 2003
Le système solaire est littéralement truffé de nuages de poussières cométaires, dont certains sont encore très mal connus. Ce vendredi 27 juin 2003, la Terre pourrait bien se trouver dans les parages d’un de ces nuages aux contours imprécis.
En 1967, alors qu’elle croisait paisiblement dans le système solaire à proximité de la Terre, la sonde Mariner 7 rencontra quelque chose d’inattendu.
« Mariner 4 a traversé un nuage de poussières » confirme Bill Cooke, du service d’environnement spatial du centre spatial Marshall. « Pendant près de 45 minutes, la sonde a vu défiler plus de météoroïdes que la Terre n’en croise pendant les plus fortes tempêtes de Léonides. »
Elle sortit de cette rencontre légèrement désorientée et avec quelques morceaux de matériau isolant en moins, mais par chance l’essentiel de sa mission avait été accompli deux ans plus tôt, lors du premier survol de la planète Mars.
Mais cela aurait pu être plus grave.
« Il y a beaucoup de nuages de poussières peu ou pas du tout cartographiés dans l’espace interplanétaire. Il est probable que certains d’entre eux aient une forte densité » poursuit Cooke. La plupart de ces nuages sont laissés dans le sillage des comètes, d’autres se forment par collision entre astéroïdes. « Nous ne connaissons guère que ceux qui croisent l’orbite terrestre et produisent les pluies d’étoiles filantes telles que Perséides ou Léonides. »
« De toutes les sondes martiennes de la NASA, Mariner 4 était la seule équipée d’un détecteur de micrométéorites ». Tout au long de son périple dans le système solaire, le détecteur enregistra ça et là quelques impacts de grains microscopiques. L’espace entre les planètes est truffé de ces poussières, mais tant qu’elles restent en petit nombre, elles ne posent aucun problème pour les sondes. Le nuage que Mariner 4 a rencontré était d’un autre gabarit : « le nombre d’impacts a dépassé les 10 000 » confirme Cooke.
Obtenir une carte de distribution précise de ces nuages et déterminer leurs orbites est primordial pour la NASA, et ce pour d’évidentes raisons :plus on envoie de sondes, plus elles risquent de rencontrer un nuage inconnu et d’être endommagées.
Une bonne partie du travail de Cooke à la NASA consiste à modéliser sur ordinateur les courants de débris cométaires, vastes fleuves de poussières qui prennent leur source dans la vaporisation des comètes lorsque ces dernières s’approchent du Soleil. Il cherche à savoir de quelle façon s’y forment les concentrations de poussières, et comment elles sont perturbées par la gravité des planètes avoisinantes (tout particulièrement la géante Jupiter). Avec ses collègues, il s’intéresse également aux pluies d’étoiles filantes que nous pouvons tous observer sur Terre : « c’est un moyen privilégié de confronter nos modèles à la réalité mais aussi de découvrir de nouveaux courants ».
Une de ces occasions s’est produite le 27 juin 1998, lorsque s’est produit quelque chose de parfaitement inattendu. Quoi donc ? Vous allez le savoir tout de suite en lisant la suite de cet article, « imprévisibles Bootides de juin » (lien-ci-dessous)
