article original publié par Science @ Nasa
auteur : Patrick L. Barry
traduction de Didier Jamet
22 JANVIER 2003
SOLCON, alias le radiomètre de la constante solaire, est un capteur de haute précision de l'intensité solaire sur lequel Joukoff et ses collègues de l'institut météorologique royale de Belgique veillent précieusement. En le protégeant des rayons ultraviolets et en l'utilisant avec parcimonie, ils préservent cet "étalon-or" de la plupart des effets du vieillissement, en faisant au fil des ans une pierre de touche digne de confiance.
À intervalle régulier de quelques années, SOLCON s'envole pour de courtes missions dans l'espace afin d'effectuer un contrôle aléatoire de l'accord entre les mesures des différents satellites observant le soleil à un moment donné.
SOLCON est actuellement en orbite. Il est une des quelque 80 expériences à bord de la navette spatiale Columbia (STS 107) qui a quitté la terre le 16 janvier pour une mission scientifique de seize jours. Les chercheurs vont l'utiliser dans les jours qui viennent pour contrôler deux satellites : SOHO (Observatoire Solaire et Héliosphérique) et ACRIM 3. étalonnés sur SOLCON, les enregistrements séparés de ces satellites et d'autres permettent de reconstituer le canevas historique des cycles de luminosité de notre soleil, une sorte d'électrocardiogramme sur le très long terme de notre pulsante étoile.
"Ce type de données a une valeur inestimable car il nous aide à comprendre le passé mais aussi le futur" fait remarquer Paal Brekke, vice responsable scientifique de la mission SOHO. " Les méthodes utilisées pour estimer l'intensité du soleil il y a des centaines d'années en arrière, comme par exemple la mesure à l'intérieur des anneaux de croissance des vieux arbres du carbone 14 généré par les rayons cosmiques , peuvent être considérablement améliorées en comparant ces données avec des données satellites fiables.
Schématiquement, SOLCON est une sorte d'antique balance à plateaux qui mesurerait la chaleur au lieu de la masse. Cette balance à chaleur est constituée de deux chambres identiques séparées par un dispositif qui détecte tout mouvement de chaleur d'une chambre vers l'autre. Une des chambres est exposée à la lumière solaire incidente au moyen d'une ouverture calibrée. l'autre chambre est une "chambre témoin", hermétiquement fermée et chauffée par une résistance.
Afin de mesurer l'intensité de la lumière solaire incidente, le dispositif ajuste la quantité de courant allouée à la résistance dans la chambre non exposée au soleil jusqu'à ce qu'aucun flux de chaleur ne soit détectable entre les chambres - pour filer la métaphore de la balance, "jusqu'à ce que les plateaux soient équilibrés". La quantité de courant nécessaire pour parvenir à l'équilibre est une mesure de l'énergie de la lumière solaire. La plupart des capteurs d'intensité solaire en orbite fonctionnent selon ce principe.
Mais un jour il faudra penser à remplacer SOLCON lui-même. Un des candidats à sa succession est TIM (Moniteur de l'Irradiation Totale), construit par le laboratoire de physique atmosphérique et spatiale du Colorado. TIM est très semblable à SOLCON, à la différence près qu'il disposera de quatre chambres au lieu de deux. Cela permettra un meilleur contrôle croisé des données afin d'évaluer précisément la dégradation des performances de l'instrument liée à l'usure.
La date n'a pas encore été arrêtée, mais le jour venu, le successeur volera de concert avec le vieil instrument afin de déterminer la précision du nouveau capteur. Après quoi SOLCON pourra prendre sa retraite.
Le soleil quant à lui devrait conserver son activité encore un moment... Et si tout se passe comme prévu, pas une seule de ces pulsations ne nous échappera.
Bureau de recherches biologique et physique.
Il y a-t-il un lien entre la variabilité du soleil et le changement climatique ?
un autre point de vue sur la question