Rendez-vous dans l’espace

article original publié par Science @ Nasa
auteur : Docteur Tony Phillips
traduction de Didier Jamet
24 DECEMBRE 2002

Image à haute résolution du noyau de la comète Borrelly vu par Deep Space 1. Cette « quille géante » mesure 8 kilomètres dans sa plus grande dimension.
Image à haute résolution du noyau de la comète Borrelly vu par Deep Space 1. Cette « quille géante » mesure 8 kilomètres dans sa plus grande dimension.

JPL/ NASA

En septembre 2001, après avoir terminé la phase d’évaluation des technologies embarquées, et donc plus rien à perdre, DS1 a plongé dans le sillage de la comète Borrelly, extrêmement active à ce moment là.

« Nous avons craint que la sonde ne survive pas à l’expérience » se rappelle Rayman. Elle n’avait pas été conçue pour évoluer dans ce genre de milieu. Mais une fois de plus, DS1 déjoua les pronostics. Elle parvint même à obtenir la meilleure image jamais réalisée d’un noyau cométaire, et sortit sans dommage de l’aventure.

Après cette rencontre avec Borrelly, l’équipe scientifique de DS1 effectua quelques tests supplémentaires sur les technologies embarquées (ce que Rayman appelle la « mission hyper-étendue ».). Mais la fin du parcours n’était plus très loin.

En décembre 2001, DS1 avait déjà survécu trois fois plus longtemps que prévu, et ses réserves d’hydrazine étaient bientôt épuisées. Sans ce carburant propulseur, impossible d’orienter correctement les panneaux afin de recueillir le rayonnement solaire. Les contrôleurs au sol n’avaient plus d’autre choix que de désactiver la sonde.

Cette décision mettait un point final à la mission. Quoique.

« Pour moi c’était plutôt le commencement… d’une mission archéologique », plaisante Rayman. « DS1 tourne toujours autour du Soleil selon une orbite à peu près circulaire calée entre celles de la Terre et de Mars. Parfait pour une capsule temporelle. »

La plupart des stations spatiales interplanétaires ne seront jamais récupérées. Les sondes Voyager par exemple, ont été propulsées hors du système solaire par assistance gravitationnelle suite à leurs rencontres avec Jupiter et Saturne. Même chose pour Pioneer 10 et 11. la sonde Galileo se désintégrera dans l’atmosphère de Jupiter l’an prochain, une fin délibérée qui permettra d’éviter la contamination accidentelle de l’éventuel biotope d’Europe.

Comparée a celles de tous ces prédécesseurs, l’orbite de Deep Space 1 est stable et assez commode d’accès.

« Les influences gravitationnelles de Mars et de la Terre, qui se feront particulièrement sentir certaines années, ainsi que la pression de radiation de la lumière solaire, se combineront pour modifier son orbite au fil du temps. Mais ce sera infime », affirme Jon Giorgini, du groupe d’étude de la dynamique du Système Solaire au JPL.

« En utilisant un modèle simple d’influence de la pression de radiation solaire, j’ai calculé l’orbite jusqu’en 3002. L’excentricité de l’orbite, son périhélie et son inclinaison auront sensiblement les mêmes valeurs qu’aujourd’hui. »

« Cependant, la marge d’erreur de mes calculs fait que je ne peux pas prédire de quel côté du soleil se trouvera la sonde en 3002, aussi les archéologues auront-ils à farfouiller un peu le long de l’orbite. » De quoi pimenter un peu la recherche.

Et que se passera-t-il quand elle aura été découverte ?

« Je pense qu’elle ira directement rejoindre les collections du Musée Smithsonian consacrées à la conquête spatiale », prédit Rayman. « La seule incertitude qui subsiste, c’est de savoir quelle branche du Smithsonian : celle sur Terre, ou… celle de Mars ? »


Note de la NASA : il n’y a bien sûr aucune mission archéologique planifiée pour retrouver Deep Space 1. Il se trouve juste que Deep Space 1 serait certainement la sonde la plus facile à retrouver pour nos lointains descendants. Pourquoi avoir situé cette histoire dans 1000 ans ? Tout simplement parce que Deep Space 1 à été lancée grâce au programme de la NASA « Nouveau Millénaire »…


Quelques liens pour aller plus loin

La mission Deep Space 1 et son livre de bord tenu par Marc Rayman.

Cérémonie des adieux à Deep Space 1

DS1 révèle la comète Borrelly. En 1999, elle avait survolé un astéroïde.

Deep Space 1, l’aventure continue.

Voir Borrelly et mourir ?.

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