Où en est la technologie de propulsion VASIMR ?

question posée le 24-09-2008 par Kol

L equipe de l ex-astronaute Franck Chang Diaz a recemment realise un test sur un moteur plasmique (type VASIMR) d une puissance de 200kV. Plusieurs articles mentionnent la possibilite de reduire le temps de transfert Terre-Mars (avec equipage humain a bord) de six huit mois a 39 jours - 3 mois grace a cette nouvelle technologie. Cependant, une telle propulsion necessite des puissances de l ordre de 10-200 mV, bien superieures a la puissance du moteur recemment teste. Quelle est donc l horizon temporel envisage pour la realisation et l utilisation d un tel systeme (a pleine puissance)? Merci d avance.

réponse du 24-09-2008 par Didier Jamet

Merci pour votre excellente question qui met en lumière un solide espoir de percée technologique dans le domaine de la propulsion spatiale. La question étant très pointue, j’ai pris conseil auprès de deux experts de la Direction des Lanceurs du CNES, Christophe Bonnal et Elisa Cliquet. Sans être catégoriques, ils m’ont tenu à peu près ce langage :

il s’en faut de peu pour que le concept devienne très crédible et porteur d’un vrai beau développement. Reste cependant de vraies difficultés, comme la faisabilité d’une tuyère magnétique, concept qui manque aujourd’hui cruellement de maturité technologique, ou encore la question de savoir ce qu’il advient véritablement des lignes de champ (comment faire pour qu’elles ne bouclent pas avec le moteur ?)

À vue de nez, nos experts estiment qu'au rythme de développement actuel, un système à pleine puissance pour une mission martienne en 39 jours ne sera pas opérationnel avant 2050. Cet horizon pourrait probablement être rapproché si on y investissait beaucoup d'argent.

En revanche on peut espérer que des applications moins puissantes, comme celles de contrôle d’attitude pour les stations orbitales ou de type JIMO puissent voire le jour plus tôt, d’ici à une à deux décennies.

Enfin, j’ajouterai modestement pour ma part que lorsque j’avais eu la chance d’interviewer Franklin Chang-Diaz en 2003 sur l’horizon auquel il envisageait un débarquement martien, il m’avait répondu sans hésiter « 2033 », qui correspond à une distance Terre-Mars à l’opposition relativement faible, sans pour autant être périhélique. Les oppositions périhéliques sont celles où la distance à parcourir entre la Terre et Mars serait la plus faible, mais malheureusement au voisinages desquelles Mars connaît fréquemment de gigantesques tempêtes de poussière d’ampleur planétaire qui peuvent durer des mois, ce qui serait un très gros handicap pour un débarquement habité. De tout cela, je tire le sentiment personnel que la vérité est soit grossièrement entre les deux (2040), soit beaucoup plus lointaine. Quoiqu’il en soit, tout cela ne nous rajeunit pas !

La prochaine étape décisive pour le projet VASIMR sera une expérience démo-opérationnelle d’annulation de la traînée qui doit monter sur l’ISS, si le financement suit. Cette expérience a déjà été repoussée à de nombreuses reprises.

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