question posée le 12-08-2012 par Degenève
Bonsoir, ne voulant pas remettre en cause le job du SETI, mais ne semble t'il pas inconcevable que l'on ne puisse capter une onde radio venant d'ailleur ? On a lancer nos première ondes au début du siecle dernier.... Sur l'echelle du temps dans l'univers ca ne vaut rien. De plus une civilisation n'est pas forcément obligée d'utiliser la radio. Ca reste une découverte et une invention "humaine". Les dauphins utilisent l'écho sonar par exemple. N'est ce pas peine perdue que de rechercher des civilisations qui ont existé ou disparue depuis des millions d'années voir des millards.
réponse du 29-08-2012 par Didier Jamet
partiellement répondu à cette question mais je vais développer ici certains arguments : j'ai la conviction que, tel qu'il a été envisagé jusqu'à aujourd'hui (détection répétée d'un signal radio émis intentionnellement à destination d'une autre intelligence) le programme SETI est voué à l'échec : nous attendons d'une éventuelle intelligence extraterrestre un comportement que nous mêmes n'avons pas ! Soit c'est nous qui sommes idiots, soit les extraterrestres sont des gens raisonnables qui, comme les Terriens, ont autre chose à faire que de jouer au talkie-walkie interplanétaire tout en sachant qu'une éventuelle réponse mettra au mieux des décennies à nous parvenir.
Surtout, le programme SETI a sans doute capté des signaux intéressants, mais les a disqualifiés sous prétexte qu'ils n'étaient pas répétés. À ce titre, le jugement le plus sévère contre SETI a à mon sens été prononcé par celui qui fut jadis son plus fervent promoteur, l'astronome Frank Drake, qui, après 50 ans de recherche, a déclaré dans le numéro de janvier 2011 de la revue Ciel et Espace à propos de signaux brièvement captés : "je soupçonne qu'une petite fraction d'entre eux était d'origine extraterrestre". Rien que ça ! Drake reconnaît donc que le système qu'il a contribué à bâtir est tout simplement incapable de distinguer d'éventuels véritables signaux extraterrestres du bruit de fond cosmique, en raison à la fois d'un protocole défaillant et d'une technologie débile. Autrement dit, l'outil n'est tout simplement pas adapté à la recherche, comme si vous essayiez de récolter des paillettes d'or dans une rivière avec un filet de pêche. Moi j'appelle ça pisser dans un violon, et vu le coût du projet sur 50 ans, on peut même dire qu'il s'agit d'un sacré Stradivarius.
Là où les choses deviennent paradoxales, c'est que nous entrons dans une période où une recherche de signaux radios extraterrestres peut devenir pertinente : avec les découvertes de planètes habitables par centaines qui seront prochainement confirmées, on saura bientôt exactement où écouter, dans beaucoup plus de longueurs d'ondes, et éventuellement capter une « fuite radio » d'une possible civilisation extraterrestre, à condition que les planètes considérées ne soient pas trop éloignées de la Terre afin que le signal conserve un minimum d'intensité.
Pour résumer, je dirais qu'avec SETI, on a, sous l'influence d'un enthousiasme initial mal canalisé, un peu tout fait à l'envers, en se mettant à chercher non pas là où on avait le plus de chances de trouver de la vie, mais, comme les papillons de nuit fascinés par un réverbère, là où il y avait de la lumière (fut-elle radio...), en suivant la ligne de moindre résistance. Comme souvent, celle-ci ne mène nulle part, sinon dans le vide, ou à son point de départ, après qu'on ait consciencieusement contourné le vrai sujet.