article de Patrick Babayou
19 FEVRIER 2019
Une étude publiée par l'Union Géophysique Américaine la semaine dernière formule une explication de la présence d'eau à l'état liquide, quelques centaines de mètres sous la surface du pôle sud de Mars. Cette découverte, publiée l'année dernière, reposait sur l'analyse de données radar de la mission Mars Express qui s'était mis sur orbite autour de la planète rouge en décembre 2003. Cette eau à l'état liquide s'expliquerait par une activité volcanique très récente, contrairement à ce que l'on pensait jusqu'à présent.
La surface de Mars témoigne d'un passé volcanique intense, confirmé par l'exploration des rovers Spirit et Opportunity qui ont apporté des images de roches volcaniques depuis plus de dix ans.
On connaît aussi Olympus Mons, plus haut volcan connu du système solaire, avec une altitude de 27 km.
Mais ces traces anciennes et l'absence de toute activité volcanique externe visible avait conduit à penser que la quatrième planète du système solaire est géologiquement éteinte depuis des millions d'années. Une conclusion qu'il faudra remettre en question si l'hypothèse des auteurs de l'étude d'aujourd'hui, Michael M. Sori et Ali M. Bramson, était confirmée.
Mars Express s'était mise sur orbite en 2003 et a envoyé depuis quantité de données qui continuent de faire l'objet de recherches.
Sori et Bramson ont ainsi cherché les conditions dans lesquelles peuvent s'expliquer des masses d'eau à l'état liquide, identifiées en 2018 dans la région du pôle sud martien (Orosei et al.).
En premier lieu, la composition géologique et en particulier la concentration de sel ne permet pas d'expliquer cette présence d'eau à l'état liquide.
L'explication la plus simple serait un flux géothermique d'au moins 72 mW/m², induit par une chambre magmatique extrêmement récente à l'échelle du temps géologique, à savoir pas plus de quelques centaines de milliers d'années.
Cela remettrait donc en cause l'hypothèse d'une planète Mars défunte depuis des millions d'années.
Après la présence de méthane identifiée en 2009, dont l'origine biologique ou géologique avait fait l'objet d'études, Mars paraît de moins en moins une planète totalement dénuée de toute activité autre que ses monstrueuses tempêtes de poussières déjà connues. Cette étude pourrait être une étape vers une meilleure compréhension des mécanismes d'évolution des planètes.
A lire pour en savoir plus : Water on Mars, With a Grain of Salt: Local Heat Anomalies Are Required for Basal Melting of Ice at the South Pole Today