article de Didier Jamet
31 JANVIER 2002
Nouvelle image de l’amas de galaxies du Centaure vu par Chandra, le télescope spatial de la NASA dédié à l’étude de l’Univers tel qu’il apparaît en rayons X.
Elle nous révèle l ‘existence d’un spectaculaire panache gazeux, long de quelque 70 000 années-lumière, et d’une température de 10 millions de degrés. Bien que cette température soit monstrueusement élevée, elle est encore inférieure de plusieurs millions de degrés à celle du milieu environnant, comme le révèle l’image ci-contre traitée en fausses couleurs : la température croit selon l’ordre suivant : rouge, jaune, vert et bleu pour les températures maximales.
Le panache représente une masse équivalente à un milliard de Soleils.
Comment s’est-il formé ? Mystère complet. Les chercheurs ont bien échafaudé plusieurs scénarios, mais ils sont dans la situation du passant qui essaie de reconstituer le film à partir des quelques photos mises en vitrine à l’entrée du cinéma… Et comme il n’est pas encore possible de payer sa place pour voir le grand film de l’Univers, il vaut mieux avoir de l’imagination. Ils n’en manquent pas.
Ce pourrait par exemple être du gaz de l’amas lui-même se dirigeant vers la cible mouvante que constitue la galaxie centrale et se refroidissant en chemin, comme Chandra semble déjà l’avoir observé pour l’amas Abell 1795.
Deux autres possibilités sont envisagées: que ce panache soit en fait constitué de débris arrachés à une galaxie lors de sa chute vers l’amas, ou bien qu’au contraire ce soit le mécanisme inverse : Du gaz expulsé du centre de l’amas vers l’extérieur, du fait d’une activité explosive hors du commun au sein de la galaxie centrale.
Mais ces dernières hypothèses se heurtent à une difficulté de taille : le panache contient de l’oxygène, du silicium et du fer exactement dans les mêmes proportions que le gaz chaud environnant, ce qui indique une origine commune. Il y a donc fort à parier que ce panache de refroidissement est plus un processus de longue durée qu’un événement catastrophique ponctuel.
