article de Didier Jamet
29 JANVIER 2002
Pas commode de reproduire un trou noir en laboratoire. Aussi, lorsque les scientifiques veulent vérifier leurs théories au sujet de ces mystérieux objets, la simulation informatique est leur seul recours. Une équipe japonaise vient de publier les résultats d’une telle étude. Ils confirment que de l’énergie peut s’extraire d’un trou noir, pure spéculation théorique il y a une trentaine d’années, mais qui a obtenu ses premières confirmations observationnelles à l’automne 2001
Le modèle standard du trou noir décrivait jusque-là un objet extrêmement dense, doué d’une attraction gravitationnelle si puissante que rien, pas même la lumière, n’était susceptible de lui échapper. Les chercheurs pensent que les trous noirs se forment lorsqu’une étoile géante s’effondre sur elle-même à la fin de sa vie, et qu’ils grossissent ensuite en avalant indistinctement tout ce qui passe à leur portée gravitationnelle : étoiles, gaz, autres trous noirs, leur gloutonnerie est sans équivalent dans tout le cosmos.
En simulant les propriétés d’un trou noir sur lequel tomberait un plasma, ils ont essayé de voir de quelle manière l’interaction entre le champ magnétique du plasma et la rotation du trou noir pouvait engendrer de l’énergie.
Ils ont bien obtenu deux jets d’énergie électromagnétique, éjectés le long des pôles nord et sud du champ magnétique. Dans cet exemple, les jets contenaient une énergie représentant des milliards et des milliards de fois celle du Soleil. Une belle centrale électrique…
Quelle confiance accorder à ces travaux ? À peu près celle qu’il est raisonnable d’avoir dans les prévisions météo à l’approche d’une dépression : dans les simulations informatiques, on est obligé de négliger quantité de paramètres jugés mineurs. Mais le Diable est souvent caché dans les détails…
De plus, le traitement des données se fait selon des hypothèses de travail qui, étant donné les caractéristiques très insolites des trous noirs, sont toujours sujettes à caution.
La chance de cette expérience, c’est qu’elle est cohérente avec des données d’observation récentes. Il faut donc la prendre comme un modèle, une maquette de la réalité, qui en mime certains aspects tout en en négligeant d’autres, lesquels pourront néanmoins s’avérer déterminants plus tard.
Alors, pour filer la métaphore, s’il semble en effet que les trous noirs redistribuent de l’énergie en pluie autour d’eux, les autres " conditions météo " qui sévissent dans leurs parages restent encore bien mystérieuses.