article de Didier Jamet
4 FEVRIER 2025
[Mis à jour le 24 février 2025 à 11h20]
FIN D'ALERTE : IL N'Y A À PRÉSENT PLUS AUCUN RISQUE DE COLLISION AVEC LA TERRE POUR LE 22 DÉCEMBRE 2032 ! ;-)
Découvert le 27 décembre 2024 depuis la station chilienne du réseau ATLAS, cet astéroïde présente au vu des premières observations de sa trajectoire une probabilité non-nulle, mais devenant extrêmement faible, d'entrer en collision avec notre planète le 22 décembre 2032 peu après 15h.
La probabilité de cet événement est actuellement (22 février 2025) comprise entre 0,20% (1 chance sur 480, estimation ESA) et 0,36% (1 chance sur 280, estimation NASA), tendant vers zéro depuis que l'éventail des trajectoires possibles se restreint et ne contient plus la Terre que marginalement. Exprimé autrement, 2024 YR4 a surtout 99,64% de chances de rater complètement la Terre le 22 décembre 2032. Les observations du télescope spatial James Webb, prévues début mars 2025, aideront à préciser la trajectoire. Cette probabilité est révisée quotidiennement, et nous mettrons l'article à jour en fonction des dernières données disponibles.
La taille de 2024 YR4, déduite de sa luminosité rapportée à différentes hypothèses concernant sa réflectivité, est estimée dans une fourchette assez large, comprise entre 40 et 90 mètres dans sa plus grande dimension pour l'Agence spatiale européenne, et 54 mètres pour la NASA.
Des observations photométriques menées avec le VLT de l'Observatoire européen Austral au Chili montrent que 2024 YR4 tourne sur lui même en un peu moins de 20 minutes, ce qui est plutôt rapide comparé à d'autres astéroïdes. Ces mêmes observations ont permis de noter une variation de son éclat au cours de cette rotation qui indique une forme complexe, plus allongée que sphérique.
Des analyses par spectroscopie de la lumière réfléchie par sa surface indiquent qu'il s'agit très probablement d'un astéroïde essentiellement rocheux et donc relativement dense, de l'ordre de 3 grammes par centimètre-cube.
Quelle que soit sa taille exacte, cela en fait au minimum une masse rocheuse d'au moins 100 000 tonnes dont une fraction significative survivrait à la traversée de l'atmosphère pour venir s'écraser sur la surface de notre planète si la trajectoire de collision se confirmait.
Cet impact aurait des effets dévastateurs à l'échelon local : tsunami de plus ou moins grande ampleur en fonction de la distance des côtes en cas d'impact océanique, annihilation immédiate de toute forme de vie sur un diamètre de 3 kilomètres en cas d'impact au sol, et une onde de choc susceptible de faire des dégâts catastrophiques jusqu'à une vingtaine de kilomètres du point d'impact. On peut comparer ces effets à ceux d'une bombe atomique délivrant instantanément une puissance de plusieurs mégatonnes de TNT.
Ces chiffres étant une estimation minimaliste en fonction des données disponibles actuellement, on comprend l'intérêt légitime que cet astéroïde suscite auprès de la communauté scientifique, et son classement au niveau 3 de l'échelle de risque de Turin, qui dans le cas présent (risque de destruction localisée) en compte 8.
Quelques éléments rassurants
Comme nous l'avons vu, 2024 YR4 a aujourd'hui surtout des chances de nous rater, à plus de 99%. Rappelons que nous ne le suivons que depuis la toute fin de 2024, si bien que prétendre parvenir à prévoir sa trajectoire exacte en décembre 2032, dans plus de 7 ans, à partir de trois mois d'observation conduit à d'immenses incertitudes, qui sont la cause de cette probabilité d'impact non-nulle.
D'ici au mois d'avril prochain, 2024 YR4 va être encore observable par les plus grands télescopes de la planète. Début mars 2025, le télescope spatial James Webb sera mobilisé une première fois afin d'obtenir la meilleure estimation de trajectoire possible, puis de nouveau en mai 2025. Au-delà du mois d'avril 2025, 2024 YR4 sera trop éloigné pour être observé depuis la surface terrestre, et ne redeviendra observable qu'à partir de juin 2028, date à laquelle il nous restera encore 4 ans pour réagir en cas de besoin.
Rappelons également qu'en 2004, un autre astéroïde, trois fois plus grand, Apophis, était monté jusqu'au 4e cran de l'échelle de Turin, avec un risque de collision pour le vendredi 13 avril 2029. Aujourd'hui, nous savons qu'Apophis passera certes très près de notre planète ce jour-là, à quelque 30 000 kilomètres, soit en dessous de l'orbite des satellites géostationnaires, mais que tout risque d'impact est écarté.
Il reste fort probable qu'il en soit finalement de même pour 2024 YR4, et c'est d'ores et déjà vers cette issue qu'évoluent les dernières données.