article de Didier Jamet
19 JANVIER 2002
Tout est à peu près rentré dans l’ordre dans la banlieue de Jupiter. Les équipes du Jet Propulsion Laboratory sont parvenues à sortir Galiléo du coma dans lequel le survol de Io l’avait plongé. Mais il n’en ramènera pour tout souvenir qu’un panorama de carte postale un peu lointain. Tant pis.
Ce devait être sa dernière prouesse avant le grand plongeon dans l’atmosphère jovienne à l’été 2003, ça s’est terminé en fiasco. Galiléo a perdu ses moyens jeudi dernier, balayé par les radiations de Jupiter, tandis qu’il s’apprêtait à raser Io à 100 kilomètres à peine, la plus basse altitude à laquelle il ait jamais croisé jusqu’alors. Et s’il a recouvré ses esprits dès vendredi, il était déjà bien tard pour rattraper le temps perdu. Trois séries de données auraient dû être enregistrées lors du passage au plus près de Io, aucune n’a pu être menée à bien.
Galileo doit subir une batterie de tests avant la fin du week-end, afin de voir si d’autres systèmes du vaisseau n’ont pas souffert dans la mésaventure. Puis ce seront les dernières photos souvenir des lunes Europe et Amalthée, ainsi que de la grande tache rouge de Jupiter, avant une nouvelle mise en sommeil lundi matin, volontaire celle-là. Ces images seront sans doute parmi les dernières de la mission, un document pour l’histoire, les adieux à la scène d’une vraie star de l’exploration spatiale.
Jupiter est actuellement très facilement identifiable, en début de nuit, vers le sud, assez haut dans le ciel, point extrêmement brillant dans le prolongement de la diagonale d’Orion formé par les étoiles Rigel et Bételgeuse. (Voir carte)
Aussi, lorsque vous lèverez les yeux vers la planète géante, ayez une pensée pour Galiléo, merveille technologique luttant pour sa survie à 600 millions de kilomètres de là, au milieu d’un froid implacable et de radiations intenses. Tout au long de ses 6 ans d’observation, malgré bien des déboires, ce petit morceau d’humanité n’aura pas démérité, nous rapportant de Jupiter et ses lunes des images d’une qualité sans précédent. Salut l’artiste.
