article de Didier Jamet
18 JANVIER 2002
Les héros sont fatigués. Galiléo, le vétéran de l’exploration du système solaire, devait survoler Io hier après-midi pour un dernier baroud d’honneur. S’il s’est bien approché de la sulfureuse lune de Jupiter, il s’est avéré incapable d’en prendre la moindre image, complètement groggy par les radiations de la planète géante. Le combat de trop ?
Triste fin de parcours. Alors qu’il s’apprêtait à passer en rase-mottes au-dessus de Io, le corps le plus volcanique du système solaire, Galiléo s’est mis en mode de sûreté, redémarrant son ordinateur de bord comme s’il s’agissait d’un vulgaire PC. Les instruments ont aussitôt arrêté de collecter des données, attendant sagement que le centre de contrôle au sol envoie les instructions de réinitialisation.
« Nous ne sommes pas totalement surpris » a déclaré Eilen Theilig, chef de projet pour le JPL, qui contrôle les opérations. « Galiléo a déjà survécu bien au-delà de nos espérances, et nous savions qu’il risquait de rencontrer des difficultés lors de ce survol critique, dans un environnement où les radiations sont intenses. Il a déjà dépassé de quatre ans son espérance de vie initiale, et a encaissé trois fois plus de radiations qu’il n’était censé en supporter. Ce genre de problème n’est donc pas étonnant »
Pour le moment, le centre de mission tente de reprendre le contrôle complet de Galiléo avant qu’il ne soit trop au large de Io, dans l’espoir de sauver ce qui peut l’être de la mission. Officiellement, si tout est rentré dans l’ordre avant dimanche, il sera encore possible de collecter des données dignes d’intérêt.
Quoi qu’il en soit, un autre aspect de la mission a lui été parfaitement accompli : en passant aussi près de Io, Galileo a scellé son destin : il s’est inscrit comme prévu sur une trajectoire de collision avec Jupiter, dans l’atmosphère de laquelle il doit se consumer en août 2003. Tout est perdu, sauf l’honneur…