L’Univers sera-t-il tendance cet été ?

article de Didier Jamet
16 JANVIER 2002

Mettez-vous un instant dans la peau d’un styliste de mode intergalactique : les collections démarrent à la fin de la semaine, rien n’est prêt, et les seules couleurs auxquelles vous avez droit sont celles des étoiles. Incapable de faire un choix, vous décidez de toutes les mélanger. Qu’obtiendrez-vous ? Deux astrophysiciens américains ont la réponse.

Au départ, les chercheurs Glazebrok et Baldry, de l’Université John Hopkins, n’envisageaient pas vraiment de se lancer dans cet exercice de style. Ce qu’ils voulaient, c’était cerner avec précision " l’age d’or " des étoiles, comprenez la période où il s’en est le plus formé. Cette question est actuellement très débattue au sein de la communauté scientifique, car la réponse permettra de départager les différents scénarios susceptibles de décrire l’histoire de notre Univers.

Pour ce faire, ils ont entrepris de recenser 200 000 galaxies lointaines, afin d’en extraire une dominante de couleur les renseignant sur l’age moyen des étoiles. En effet, les étoiles ont beau être aussi discrètes que n’importe quelle star sur leur date de naissance, un petit détail nous renseigne sur leur état civil : leur couleur. Bleues, ce sont de pimpantes starlettes fraîchement sorties du nuage d’hydrogène qui les a vu naître ; rouges, on a plutôt affaire à des " monstres sacrés " du cinéma stellaire.

Mais le résultat de cette belle expérience s’est avéré moins intéressant que prévu : il a simplement contribué à fixer une limite temporelle supérieure à ce baby-boom stellaire, 5 milliards d’années. Cela correspond à ce que tous les modèles prévoyaient et, de ce point de vue, l’étude ne nous apprend rien : Comme un vendeur de Pop corn voyant les clients affluer à la sortie d’une séance de cinéma, nous savons que le film est fini, mais pour ce qui est des détails de l’histoire, on n’est guère plus avancé.

Sentant bien qu’ils n’allaient pas décrocher le Prix Nobel avec ces résultats mitigés, nos compères ont alors décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur, et de reconvertir leurs travaux en expérience de physique amusante. Disposant des dominantes de couleur des galaxies, ils se sont demandé ce que cela donnerait si on les additionnait, comme si leur lumière se trouvait brusquement concentrée au même endroit.

Le résultat, un vert pastel assez seyant qui ne déparerait pas dans les collections été 2002 débutant samedi prochain, est moins anecdotique qu’il n’y paraît. On peut par exemple s’étonner de cette prédominance du vert, sachant qu’il n’y a pas d’étoiles vertes dans le ciel.

En fait, l’explication tient à ce que nous sommes probablement à un moment charnière de l’age de l’Univers, où le rayonnement des étoiles bleues s’équilibre à peu près avec celui des rouges. Si nous pouvions remonter quelques milliards d’années plus tôt dans la chronologie universelle, c’est le bleu des étoiles jeunes qui nous baignerait de sa lumière. À l’inverse, dans quelques milliards d’années, lorsque la plupart des étoiles seront devenues des géantes rouges, l’Univers prendra une belle teinte vermillon.

Moralité, si vous voulez connaître à coup sûr les prochaines tendances de la mode, regardez les étoiles !

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