Retour sur le bolide du dimanche 13 octobre 2019

article de Didier Jamet
15 OCTOBRE 2019

Le bolide du 13 octobre à 6h50 vu depuis la Moselle par la Gopro 7 fr Patrick Nesler. La trajectoire incurvée du bolide est due à la focale ultra courte de la caméra (3mm)
Le bolide du 13 octobre à 6h50 vu depuis la Moselle par la Gopro 7 fr Patrick Nesler. La trajectoire incurvée du bolide est due à la focale ultra courte de la caméra (3mm)

Patrick Nesler

C'était un de ces dimanches matins d'automne doux et paisibles, où l'on peine à s'extraire du lit après une excellente soirée prolongée jusque tard dans la nuit. Et puis soudain, à 7h25 du matin, mon téléphone vibra du discret murmure des notifications. Une visiteuse assidue de Ciel des Hommes, Maud, avait un message pour nous. Connaissant sa discrète bienveillance pour notre travail depuis bien des années, il ne pouvait, à cette heure matinale, s'agir que d'une matière d'importance. Je me résolus rapidement à en savoir plus, et voici le message que je découvris :

« Bonjour,

Je ne sais pas si vous avez beaucoup de témoignages belges mais j'ai pu, pour la première fois, observer un bolide ce matin à 6h50 à Habay-La-Neuve, direction Sud/Sud-Est. Orionides?

C'était incroyable et je voulais vous en faire part

Belle journée à vous. »

Aussitôt je bondis de mon lit pour vérifier si les stations de poursuite automatique telles que celles du réseau BOAM ou encore FRIPON avaient eu vent du phénomène, tout en lançant un appel à témoins sur la page Facebook du site. Les témoignages ne tardèrent pas, dont certains accompagnés d'images, comme celle qui illustre cet article prise par Patrick Nesler en Moselle.

48 heures après l'évènement, voici ce que les images des différentes stations de suivi ont permis d'en savoir.

Arrivant avec un angle très fermé d'environ 20° par rapport à l'horizontale, le caillou céleste à l'origine de ce phénomène devait peser quelques kilos tout au plus, et se déplaçait avec une vitesse remarquablement lente de 27 kilomètres par seconde.

Cette faible vitesse associée à une arrivée sous une faible incidence lui ont permis d'illuminer le petit matin pendant 6 secondes. Il fut visible entre 90km et 45 km d'altitude, le pic de luminosité étant atteint vers 60 km d'altitude selon les données du réseau FRIPON.

Il a percuté l'atmosphère au niveau de Châlons en Champagne, traversant tout l'Est de la France suivant un azimut de 78° pour s'éteindre juste avant la frontière avec l'Allemagne. La poursuite invisible de sa trajectoire, le fameux « vol noir » des météorites qui rend leur traque si difficile, l'a probablement amené à la franchir.

Quelque chose de ce caillou céleste a t'il pu survivre à cette incandescente traversée de l'atmosphère ? C'est très probable, même si les météorites résiduelles ne représentent sans doute pas plus d'une centaine de grammes au total.

Quant à l'origine de ce caillou céleste, si Maud le rapprochait de l'essaim des Orionides qui bat en effet son plein en ce moment, la vitesse très lente de l'objet et la configuration céleste à ce moment précis nous permettent d'envisager qu'il s'agissait plutôt d'une Tauride Sud, essaim qui connaît son maximum le 10 octobre et connu pour ses nombreux bolides. C'est donc peut-être à la désintégration d'un authentique morceau de la comète de Encke que vous avez été si nombreux à assister en ce dimanche matin !

Quoi qu'il en soit, merci à tous pour vos nombreux témoignages sur notre page Facebook, et à bientôt pour de nouvelles observations !