article de Fabrice Mottez
10 NOVEMBRE 2014
Les premières mesures simultanées d'eau de de gaz carbonique (CO2) par la sonde européenne Rosetta sur la comète 67P/C-G ont été effectuées sur le gaz dégagé par la comète, alors que celui-ci se trouve seulement à un kilomètre du noyau.
A de telles distances, les gaz ont peu de temps pour se transformer chimiquement avec d'autres gaz évaporés de la comète. Ces mesures reflètent donc assez bien l'abondance réelle de l'eau et du CO2 qui s'y trouve piégé dans le noyau de la comète.
Les mesures montrent une abondance de 4% de CO2 par rapport à l'eau. C'est moins que ce qui avait été mesuré avec la mission EPOXI de la NASA qui étudiait (de plus loin, lors d'un seul passage) la comète 103P/Hartley. L'abondance relative de CO2 s'élevait à 20% pour la comète 103P/Hartley. Pourtant les deux comètes se placent toutes deux, pour ce qui est de leur orbite, dans la même famille, dite famille de Jupiter.
Ces mesures on été effectuées par le spectrographe-imageur VIRTIS fonctionnant dans le domaine infrarouge. Cet appareil permet d'analyser à la fois l'intensité de la lumière aux différentes longueurs d'ondes, et de produire des images.
L'analyse des ondes infrarouges est spécialement adaptée à la détection à distance des molécules, et aux mesures des faibles temératures, comme c'est le cas sur les comètes. Ainsi, VIRTIS avait révélé que le noyau de la comète est actuellement à -70°C. Lorsque le gaz s'évapore, il se détend, et comme l'air s'échappant d'une cocotte-minute, il refroidit. A un kilomètre au dessus de la comète, le gaz a une température de -138°C.
La comète continue de s'approcher du Soleil (la distance minimale sera atteinte le 15 août). Au fur et à mesure qu'elle chauffera, l'instrument VIRTIS permettra de mesurer d'autres molécules, moins abondantes, mais très intéressantes pour comprendre le rôle des comètes dans la chimie du système solaire et des planètes. De plus en plus d'astronomes pensent que dans les premiers âges de la Terre, l'eau des océans a été apportée par la chute de comètes sur la Terre. Les comètes étaient alors très abondantes et les collisions avec les planètes très fréquentes (alors que c'est rarissime actuellement). Il est important de savoir si, outre l'eau des océans, les comètes ont aussi apporté à la Terre d'autres molécules qui ont pu être les ferments de l'activité chimique complexe des océans et de la vie.
