article de Didier Jamet
26 AOUT 2012
Premier être humain à avoir foulé le sol lunaire en juillet 1969, Neil Armstrong s'est éteint le samedi 25 août 2012.
Des 82 ans et 20 jours qu'aura duré sa vie, l'histoire retiendra surtout les 2h30 qu'il aura passé à la surface de la Lune le 21 juillet 1969, imprimant dans la poussière lunaire les toutes premières traces de pas. « C'est un petit pas pour l'homme ; un bond de géant pour l'humanité » avait-il alors déclaré d'une voix rendue blanche et hésitante par le stress et la charge historique de l'événement.
Et pourtant, il en fallait pour émouvoir ce pilote d'élite au sang-froid légendaire, lequel lui avait permis de se tirer de bon nombre de situations périlleuses. Dès 1951, pendant la guerre de Corée, il avait réussi à ramener en terrain ami un avion criblé d'éclats de DCA et dont une rencontre inopportune avec un poteau électrique avait arraché un bon mètre d'aile.
Sa carrière de pilote d'essais fut elle aussi émaillée d'incidents qui auraient pu lui être fatals, comme la fois où en avril 1962, rebondissant sur l'atmosphère après être grimpé à une altitude de 63 km à bord d'un avion fusée X-15, il loupa complètement le terrain où il devait se poser en le survolant à mach 3 et 30 km d'altitude pour réussir enfin à amorcer un demi tour 64 km plus loin. Une mésaventure qui fit de lui le détenteur bien involontaire du record du plus long vol jamais effectué à bord d'un X-15, tant en durée qu'en distance parcourue.
Le 6 mai 1968, un peu plus d'un an avant l'historique mission Apollo 11 qui allait lui attirer une gloire éternelle, il survécut à une défaillance du simulateur de module lunaire à bord duquel il avait pris place et dont il s'éjecta au dernier moment à 30 m du sol. S'il avait pris la décision une demi-seconde plus tard, son parachute n'aurait pas eu le temps de se déployer et il se serait écrasé au sol.
Au terme de cette vie particulièrement mouvementée et riche, Neil Armstrong est finalement décédé dans un lit d'hôpital à l'âge de 82 ans, de complications post opératoires liées au quadruple pontage coronarien qu'il avait subi le 7 août dernier suite à un test d'effort préoccupant.
Ironie de l'histoire, Neil Armstrong avait jadis fait cette étonnante déclaration au sujet du potentiel cardiovasculaire : « Je pense que chaque humain dispose d'un nombre fini de battements de coeur, et je n'ai aucune intention de gaspiller les miens en courant ou en faisant de l'exercice. »
Certes, s'il avait révisé ses conceptions sur le fonctionnement du muscle cardiaque, Neil Armstrong aurait sans doute pu vivre un peu plus longtemps, et pourquoi pas fêter dignement les 50 ans de son exploit, en 2019. Mais même ainsi, rien à regretter, car peu d'hommes sur cette Terre auront jamais une vie aussi bien remplie que la sienne.
Bonne route dans les étoiles Neil, puisse ton exemple inspirer encore de très nombreuses générations, bien au-delà de celles et ceux qui eurent la chance d'être de tes contemporains.
