article de Laurent Laveder
13 DECEMBRE 2001
Au cours de deux passages consécutifs auprès de la lune jovienne Io, la sonde Galileo a pris quelques belles images de ses volcans. Elle a par ailleurs confirmé l'origine du champ magnétique de Io.
Voilà déjà 6 ans que la sonde Galileo tourne autour de Jupiter, la plus grosse des planètes du Système Solaire. A chaque révolution autour de la géante, elle passe non loin d'au moins une de ses 4 lunes galiléennes. C'est autant d'occasions d'épier ces petits mondes d'une si grande diversité géologique.
De toutes les lunes galiléennes, Io est la plus chatoyante. Sa surface est grêlée de volcans actifs qui se parent de vives couleurs. A deux reprises, en août et octobre 2001, Galileo est passée à proximité de Io. De ces rencontres, elle nous offre des images qui continuent à réjouir les rétines des curieux du ciel.
Un dieu paré de mille couleurs
Tupan Patera (du nom du dieu brésilien du tonnerre) est la première victime de cette sonde indiscrète. Il s'agit d'une dépression volcanique de 75 km de diamètre entouré de parois de 900 m de haut. L'image accompagnant l'article a été prise en octobre 2001. Sa résolution est de 135 m par pixel. La grande diversité des teintes provient de la lave et de la variété des états du souffre :
- le rouge provient du soufre gazeux échappé des évents ;
- le jaune serait un mélange de composés soufrés ;
- le vert semble se former là où les sulfures rouges interagissent avec les laves sombres ;
- le noir correspond à de la lave encore chaude.
Les couleurs de cette image ne sont que légèrement exagérées et un astronaute en orbite autour de Io verrait sensiblement la même chose.
L'origine du champ magnétique
Mais Galileo ne se contente pas de faire de belles images. L'un de ses instruments, un magnétomètre, mesure le champ magnétique environnant la sonde. Les données recueillies au cours de nombreux passages près de Io ont permis aux scientifiques de déterminer l'origine du champ magnétique de la lune volcanique. Ils peuvent maintenant affirmer que Io n'a pas de champ magnétique propre. C'est celui de Jupiter qui induit le magnétisme de Io.
La sonde continue inlassablement à graviter autour de la géante gazeuse et au milieu de ses étonnantes lunes. La NASA prévoit d'exploiter Galileo jusqu'en septembre 2003, date à laquelle la sonde sera précipitée dans l'atmosphère de Jupiter. L'agence spatiale américaine avait prévu de la crasher sur Europe afin de vérifier la présence d'un océan sous sa surface. Mais les scientifiques s'y étaient opposés en signalant le risque de contamination biologique par la sonde d'origine terrestre, qui n'avait pas été stérilisée avant son lancement. Europe est une des lunes de Jupiter où les astrobiologistes ont bon espoir de trouver des traces de vie extraterrestre, d'où ce luxe de précautions: C'est le moyen le plus radical de s'assurer que, si une activité biologique est bien détectée un jour sur Europe, elle n'est pas d'origine terrestre
