Stardust bien rentrée

article de Didier Jamet
15 JANVIER 2006

Vue d\'artiste de la récupération de la capsule de Stardust
Vue d'artiste de la récupération de la capsule de Stardust

Nasa

La capsule de rentrée de la sonde spatiale Stardust s’est posée ce matin sans encombre à 11 h 11 heure de Paris, soit avec une minute d’avance sur l’horaire prévu. La capsule a rebondi trois fois avant de s’immobiliser sur le côté.

Comme vous avez pu le vivre en direct sur Ciel des Hommes, les équipes de récupération dépêchées sur place en pleine nuit à bord de trois hélicoptères ont mis un peu plus de temps que prévu pour localiser la capsule avec certitude.

Puis la capsule et ses précieux échantillons de poussière cométaire ont été chargés à bord d’un hélicoptère qui les a ramené à l’aéroport militaire de Dugway.

Les minuscules grains de poussière cométaire ramenés par Stardust au terme d’un périple de 7 ans vont permettre aux scientifiques de mieux comprendre la composition du système solaire primitif.

Les comètes sont en quelque sorte des congélateurs contemporains de la formation de notre système solaire. Croisant dans les confins glacés du système solaire depuis des milliards d’années, ces " boules de neige sale " grandes comme des astéroïdes ont subi très peu de modifications depuis leur formation, si on les compare aux planètes.

Etudier le système solaire à travers les comètes, cela revient un peu à essayer de comprendre comment un gâteau de mariage a été préparé en examinant la pâte qui reste dans le mélangeur.

De fait, un certain nombre d’indices suggèrent que les comètes ont joué un rôle essentiel dans l’émergence de la vie sur notre planète. Le bombardement massif de comètes qu’a subi la jeune Terre pendant des millions d’années lui a probablement apporté une bonne part de l’eau qui lui vaut d’être aujourd’hui appelée la planète bleue. Et les comètes contiennent de complexes composés carbonés qui auraient pu jouer le rôle de briques élémentaires du vivant.

Lancée en 1999, Stardust a croisé la comète Wild 2 le 2 janvier 2004 à 241 kilomètres de distance seulement. La comète Wild doit son nom à son découvreur, l'astronome Suisse Paul Wild, qui l’a observée pour la première fois en janvier 1978 . Ce rendez-vous avec une comète n’eut rien de romantique. Concrètement, pour une sonde spatiale, ça ressemble à avoir rendez-vous avec une mitrailleuse lourde par une nuit brumeuse. Lorsque Stardust a plongé au travers de la queue de la comète, les grains de poussière qui s’échappaient de cette dernière ont percuté la sonde à une vitesse relative de plus de 20 000 km/h, soit 6 fois plus vite que la plus rapide des balles. Une demi-douzaine de grains de poussière ont même entamé son blindage. Les 16 moteurs-fusées ont donné toute leur puissance pour maintenir la sonde sur sa trajectoire.

Les " yeux " de Stardust, constitués d’une caméra embarquée, ont heureusement été protégés de cette mitraille folle par un ingénieux système de périscope. Pour le reste des parties sensibles de Stardust, ce seront des " boucliers de Whipple " (du nom du théoricien qui le premier a proposé le modèle des boules de neige sale pour les comètes) qui se sont interposés, constitués de 5 rangées successives de plaques de fibres de carbone et de céramiques espacées les unes des autres de 5 centimètres.

Pour piéger au vol les particules de poussières, Stardust a utilisé une sorte de raquette de tennis enduite d’un matériau appelé Aerogel. L’Aerogel est une sorte de mousse solide si ténue qu’on perçoit à peine sa présence : 99 % de son volume est constitué d’air. Sa légèreté éthérée permet de capturer les grains de poussière sans les endommager.

Jusqu’en 1974, la comète Wild 2 ne s’était jamais approchée du Soleil en deçà de l’orbite de Jupiter, époque à laquelle l’attraction de la planète géante perturba la trajectoire de l’astre chevelu au point de la faire chuter vers notre étoile, ce qui l’a rendue accessible sans trop de difficultés à une sonde partie depuis la Terre. Depuis lors, Wild 2 n’est pas passée plus de 5 fois dans le voisinage du Soleil, aussi ses constituants n’ont-ils été que très peu altérés par la chaleur de notre étoile. La poussière que Stardust nous a rapportée aujourd’hui sera donc un indice de première main sur les conditions qui ont présidé à la formation du Système Solaire, avant que le Soleil ne commence à cuire la pâte originelle il y a 4,5 milliards d’années.

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