Suivez le retour de Stardust sur Ciel des Hommes !

article de Didier Jamet
14 JANVIER 2006

Dernière ligne droite pour Stardust et sa précieuse cargaison de poussières cométaires.
Dernière ligne droite pour Stardust et sa précieuse cargaison de poussières cométaires.

Nasa

C’est demain dimanche 15 janvier 2006 que rentrera sur Terre la capsule contenant des échantillons de poussière cométaire collectés par la sonde Stardust. Un évènement dont vous pourrez suivre les phases cruciales sur Ciel des Hommes. Et ce n’est pas une simple figure de style de dire que ces minuscules grains de poussière cométaire vont peut-être nous permettre de mieux comprendre l’origine du monde et de la vie elle-même.

Suivez pas à pas le retour de Stardust sur Terre

Après sept ans de voyage à travers l’espace et près de 5 milliards de kilomètres parcourus, Stardust, sonde spatiale de la Nasa va enfin ramener sur Terre sa précieuse cargaison de poussières de comète.

La capsule de rentrée, un " chapeau chinois " mesurant 80 centimètres de diamètre pour un poids de 46 kg, se posera dans le désert de l'Utah à 11H12 heure de Paris.

Auparavant, le vaisseau porteur Stardust aura largué la capsule à environ 110.000 kilomètres de la Terre à 6 h 57. Puis le vaisseau porteur allumera ses moteurs pour dévier de sa trajectoire de collision avec la Terre et se placera sur une orbite solaire le long de laquelle il dérivera pour l’éternité.

à 10 h 57, la capsule de rentrée fendra les premières couches atmosphériques au-dessus du Pacifique. Sa vitesse sera de 46.435 km/heure. Jamais aucun objet de fabrication humaine n’a tenté une rentrée dans l’atmosphère à une vitesse aussi élevée. La température du bouclier thermique de la capsule frôlera alors les 2700 degrés centigrades.

Suivez pas à pas le retour de Stardust sur Terre

A 32 kilomètres d'altitude, soit deux minutes plus tard, un petit parachute sera déployé pour freiner la capsule.

A 24 kilomètres d'altitude, elle entamera sa descente à la verticale du lieu d'atterrissage prévu, avant l'ouverture d'un deuxième grand parachute à 10.000 mètres. L’atterrissage proprement dit est prévu à 11H12 heure de Paris (2 h 12 du matin heure locale )dans le périmètre d’un site d’essais militaires, dans le désert de l’Utah.

Au beau milieu de la nuit américaine, des hélicoptères viendront alors récupérer la capsule et la transporteront au Centre Spatial Johnson de Houston (Texas).

Suivez pas à pas le retour de Stardust sur Terre

À son bord, les chercheurs de la Nasa découvriront l’équivalent d’une cuillère à café de matière purement extraterrestre : des grains de poussière cométaire capturés dans le sillage de la comète Wild 2

C’est la première fois qu’ils pourront ainsi étudier un matériau extraterrestre arrivé délibérément sur Terre en provenance de l’espace lointain.

Et ce n’est pas une simple figure de style de dire que ces minuscules grains de poussière cométaire vont nous permettre de comprendre l’origine du monde et peut-être de la vie elle-même.

Les comètes sont en quelque sorte des congélateurs contemporains de la formation de notre système solaire. Croisant dans les confins glacés du système solaire depuis des milliards d’années, ces " boules de neige sale " grandes comme des astéroïdes ont subi très peu de modifications depuis leur formation, si on les compare aux planètes.

Etudier le système solaire à travers les comètes, cela revient un peu à essayer de comprendre comment un gâteau de mariage a été préparé en examinant la pâte qui reste dans le mélangeur.

De fait, un certain nombre d’indices suggèrent que les comètes ont joué un rôle essentiel dans l’émergence de la vie sur notre planète. Le bombardement massif de comètes qu’a subi la jeune Terre pendant des millions d’années lui a probablement apporté une bonne part de l’eau qui lui vaut d’être aujourd’hui appelée la planète bleue. Et les comètes contiennent de complexes composés carbonés qui auraient pu jouer le rôle de briques élémentaires du vivant.

Lancée en 1999, Stardust a croisé la comète Wild 2 le 2 janvier 2004 à 241 kilomètres de distance seulement. La comète Wild doit son nom à son découvreur, l'astronome Suisse Paul Wild, qui l’a observée pour la première fois en janvier 1978 . Ce rendez-vous avec une comète n’eut rien de romantique. Concrètement, pour une sonde spatiale, ça ressemble à avoir rendez-vous avec une mitrailleuse lourde par une nuit brumeuse. Lorsque Stardust a plongé au travers de la queue de la comète, les grains de poussière qui s’échappaient de cette dernière ont percuté la sonde à une vitesse relative de plus de 20 000 km/h, soit 6 fois plus vite que la plus rapide des balles. Une demi-douzaine de grains de poussière ont même entamé son blindage. Les 16 moteurs-fusées ont donné toute leur puissance pour maintenir la sonde sur sa trajectoire.

Les " yeux " de Stardust, constitués d’une caméra embarquée, ont heureusement été protégés de cette mitraille folle par un ingénieux système de périscope. Pour le reste des parties sensibles de Stardust, ce seront des " boucliers de Whipple " (du nom du théoricien qui le premier a proposé le modèle des boules de neige sale pour les comètes) qui se sont interposés, constitués de 5 rangées successives de plaques de fibres de carbone et de céramiques espacées les unes des autres de 5 centimètres.

Pour piéger au vol les particules de poussières, Stardust a utilisé une sorte de raquette de tennis enduite d’un matériau appelé Aerogel. L’Aerogel est une sorte de mousse solide si ténue qu’on perçoit à peine sa présence : 99 % de son volume est constitué d’air. Sa légèreté éthérée permet de capturer les grains de poussière sans les endommager.

Jusqu’en 1974, la comète Wild 2 ne s’était jamais approchée du Soleil en deçà de l’orbite de Jupiter, époque à laquelle l’attraction de la planète géante perturba la trajectoire de l’astre chevelu au point de la faire chuter vers notre étoile, ce qui l’a rendue accessible sans trop de difficultés à une sonde partie depuis la Terre. Depuis lors, Wild 2 n’est pas passée plus de 5 fois dans le voisinage du Soleil, aussi ses constituants n’ont-ils été que très peu altérés par la chaleur de notre étoile. La poussière que Stardust va nous rapporter demain sera donc un indice de première main sur les conditions qui ont présidé à la formation du Système Solaire, avant que le Soleil ne commence à cuire la pâte originelle il y a 4,5 milliards d’années.

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