Que d'eau, que d'eau !

article de Didier Jamet
4 DECEMBRE 2001

Simulation de ce à quoi Mars pourrait ressembler aujourd\'hui si son eau primordiale était restée à l\'état liquide. Une deuxième planète bleue.
Simulation de ce à quoi Mars pourrait ressembler aujourd'hui si son eau primordiale était restée à l'état liquide. Une deuxième planète bleue.

NASA

En étudiant le rapport Hydrogène-Deutérium de la haute atmosphère martienne, une équipe de scientifiques américains vient de revoir à la hausse la quantité d'eau supposée se trouver à la surface de Mars peu de temps après sa formation.

C'est un des grands mystères martiens : alors que les signes caractéristiques de sa présence à l'état liquide abondent, l'eau vive semble avoir totalement disparu de la surface de Mars depuis des millions d'années.

Une partie importante de cette eau a trouvé refuge aux pôles, sous forme de glace. Une autre s'est probablement trouvée piégée sous la surface, elle aussi sous forme de glace. Enfin le reste s'est littéralement évaporé dans l'espace, les molécules d'eau se dissociant sous l'effet du rayonnement ultraviolet émis par le soleil. Sensiblement moins massif que la Terre, Mars n'aurait en effet pas su constituer une atmosphère suffisamment protectrice contre ce rayonnement.
De surcroît, toujours faute d'une atmosphère dense et stable, l'eau à l'état liquide aurait tout simplement fini par ne plus pouvoir s'y maintenir, la pression et la température devenant insuffisantes.
Cependant les détails exacts du scénario qui a mené à la disparition de l'eau martienne demeurent toujours à l'état de suppositions

Reste que dans la perspective de répondre à la question de savoir si oui ou non Mars a pu un jour héberger la vie, la quantité d'eau présente à l'origine est un paramètre déterminant.

Selon cette nouvelle étude, dont les conclusions sont parues dans le numéro du 30 novembre de la revue "Science", Mars aurait eu à l'origine, et proportionnellement, beaucoup plus d'eau à sa surface que la Terre. 1,3 fois plus pour être précis. Et encore, ce chiffre constitue-t-il l'hypothèse basse, fondée sur les stocks d'eau glacée avérés dans les calottes polaires. Il faudra le corriger encore à la hausse, le jour où une prochaine mission d'exploration révélera la proportion d'eau effectivement piégée dans le sol.

Laissons la conclusion aux principaux chercheurs à l'origine de cette découverte, Vladimir Krasnopolsky et Paul Feldman, naturellement très enthousiastes sur ses implications :

"Notre étude est un indice essentiel permettant de retracer l'histoire de l'eau sur Mars, car elle permet de donner une idée du volume de ce qu'il faut bien appeler les Océans martiens primordiaux. Nous avons en effet calculé que si la quantité initiale d'eau martienne, il y a 3,6 milliards d'années, avait été uniformément répartie à sa surface, elle aurait entièrement recouvert la planète sous plus d'un kilomètre d'eau."

En fait, en tenant compte des particularités de la topographie martienne, caractérisée par d'immenses hauts plateaux comme celui de Tharsis, c'est probablement la majeure partie de l'hémisphère nord martien qui devrait se trouver aujourd'hui sous les eaux, si elles étaient encore là.

Une indication capitale lorsque viendra l'heure de choisir les sites des futures missions d'exploration martienne, à la recherche de traces de vie et, pourquoi pas, d'éventuels fossiles marins...

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